L'année des soldes sur les monnaies

Janvier, c'est le mois des soldes. Et les premières indications risquent de créer la surprise. Ce n'est pas dans le textile que les performances ont été les plus spectaculaires mais sur? le marché des changes. Chaque pays veut offrir un discount record sur sa devise. Cela a un nom : la dévaluation compétitive. Vous allez vite comprendre. L'économie mondiale ne rebondit pas vraiment. Et c'est surtout la consommation intérieure qui inquiète dans tous les pays. Plus personne ne veut consommer, tout le monde veut épargner. Même les super-cigales américaines se transforment en fourmis vertes (vertes car nous sommes à l'heure de l'écologie et que même McDonald's a changé la couleur de son enseigne).Dès lors aucun pays ne peut compter sur sa consommation intérieure pour se relancer, malgré les centaines de milliards coulés par les gouvernements dans des plans inefficaces. Or on a appris au premier cours d'économie que la croissance ne peut avoir que trois moteurs. La consommation. Pour l'instant c'est foutu. L'investissement. Bof. Quelle entreprise a vraiment envie d'investir dans un climat aussi incertain ? Et? les exportations ! Eureka ! Il faut donc relancer les exportations pour relancer l'économie. Et comment relancer les exportations ? En suivant l'exemple de la Chine bien sûr.La Chine est devenue en 2009 le premier exportateur mondial devant l'Allemagne en pratiquant, sans vergogne, au vu et au su de tous, le dumping par la monnaie. Cela fait des années que le yuan est volontairement sous-valorisé de 30 % à 50 %. Et ça marche. Et le plus drôle, ou le plus affligeant, c'est que personne ne proteste vraiment. De temps en temps, les États-Unis font les gros yeux mais c'est totalement inefficace. En 2010, tous les pays veulent donc suivre l'exemple chinois. Les Japonais en ont assez de la hausse du yen et veulent reconquérir les marchés à l'export. Ils ont donc annoncé qu'ils allaient faire baisser le yen. Les Américains rêvent d'une dévaluation du dollar qui relancerait la machine et ne disent pas un mot quand le dollar est attaqué. Même les Suisses ont déclaré cette semaine que la banque centrale suisse allait intervenir pour solder le franc suisse.Oui mais voilà, il y a un petit problème. Le marché des changes est un jeu à somme nulle. Pour qu'une monnaie baisse, il faut qu'une autre monte. C'est ennuyeux. Il faut donc trouver le pays ou la zone « pigeon » qui va accepter de voir sa devise monter pour que les autres pays puissent solder. Personne ne veut jouer ce rôle de victime. Les spéculateurs cherchent donc, particulièrement en ce début d'année, le maillon faible, la devise forte. Pour l'acheter et spéculer à la hausse. Si aucun pays ne veut voir sa monnaie monter, il faut donc choisir un pays qui ne peut pas empêcher la hausse même si elle le veut.Réfléchissez. Quelle est la zone économique qui n'a pas de ministre des Finances, qui n'a pas de politique de changes et dont la banque centrale n'est presque jamais intervenue sur le marché des changes. Tic tac tic tac? vous avez encore deux secondes? tic tac tic tac. Oui ! Bravo ! L'Union européenne ! Voilà pourquoi l'euro a atteint cette semaine son plus-haut depuis un mois. Et ce, malgré des nouvelles affligeantes sur les dettes grecques, irlandaises, espagnoles, portugaises et une très mauvaise surprise sur la croissance allemande au 4e trimestre. Les traders sur le marché des changes se disent que finalement l'euro pourrait bien être le dindon de la farce de cette vague de soldes de devises dans tous les pays. La tâche ne va pas être facile car l'Europe est bien plombée encore et que le cours d'une devise doit quand même, sauf quand elle est manipulée comme en Chine, refléter des fondamentaux économiques. Alors préparez-vous à une année très agitée sur les devises. Avec un bras de fer légèrement truqué. D'un côté tous les pays ou presque, de l'autre la pauvre Union européenne. Résultat : à court terme l'euro peut baisser sur une correction technique mais à long terme il ne pourra résister à cette vague massive de dumping international et pourrait flamber. Ce qui serait catastrophique pour la croissance. Un casse-tête de plus pour l'Union européenne et pour la Banque centrale européenne. nà contre-courant Marc Fiorentino Stratège d'Allofinance.com
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