Des industriels veulent devenir électriciens

Selon nos informations, plusieurs grands groupes industriels, très gros consommateurs d'électricité, dont Rio Tinto Alcan, Rhodia et ArcelorMittal, envisagent de devenir en France leur propre électricien. Prendre le statut de « fournisseur » d'électricité leur permettra d'acheter, sans intermédiaire, l'électricité nucléaire qu'EDF va être obligé de céder à ses concurrents à un prix proche du prix coûtant dans le cadre de la loi Nome qui réorganise le marché de l'électricité.Certains industriels, à l'instar de Rio Tinto Alcan, qui exploite depuis des années des centrales hydrauliques au Québec, envisagent même de devenir eux-mêmes producteurs d'électricité de pointe lors de la prochaine ouverture à la concurrence des centrales hydrauliques en France. Seuls, ou en association avec des électriciens, notamment des acteurs étrangers désireux de « franciser » leurs candidatures. L'électricien suédois Vattenfall s'inscrit par exemple résolument dans cette démarche.« Cette réflexion s'impose aux grands acheteurs d'électricité qui pourront ainsi éviter de payer les 5 % à 7 % de marge que les opérateurs ne manqueront pas de s'octroyer, pour une valeur ajoutée nulle », commente un bon connaisseur du sujet. « Il n'est pas étonnant que de grands consommateurs d'électricité puissent étudier l'hypothèse de devenir fournisseurs eux-mêmes puisque le dispositif de l'Arenh [le courant nucléaire qu'EDF devra céder] ne leur apporte aucune garantie de baisse des prix », déclare Michel Guénaire, avocat associé du cabinet Gide, spécialisé dans l'énergie.Obligations aux fournisseursLa loi Nome, qui devrait être mise en oeuvre à partir du 1er juillet prochain, impose cependant quelques obligations aux fournisseurs qui bénéficieront de cette électricité à prix presque coûtant. Ils auront ainsi cinq ans pour disposer de moyens de production d'ultrapointe ou de capacités d'effacement. « Ils n'auront aucun problème pour les acheter ou s'associer à des acteurs qui en auront, affirme un proche du sujet. Ils sont d'ailleurs en train de recruter leurs équipes. »Cette éventualité inquiète vivement les opérateurs alternatifs en France, en particulier ceux qui, comme Alpiq, Enel ou E.ON, ont surtout des clients industriels pour lesquels l'Arenh représente entre 70 % et 80 % de la consommation. D'autant que le gouvernement semble insensible à leurs craintes. « En inversant le rapport de force entre les clients et les fournisseurs, cela confirmerait le cadre vertueux que la loi Nome veut créer », se réjouit-on au ministère de l'Énergie. Marie-Caroline Lopez
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