Le patronat américain veut ménager la chèvre et le chou

Vert, jaune, rouge, les tee-shirts de femmes, col en V, sont à 5 dollars sur le site Web de Walmart, tandis que les ordinateurs portables sont à 348 dollars. La raison de ces prix imbattables ? La Chine, où Walmart, le numéro un mondial de la grande distribution, fait fabriquer les trois quarts de ses produits, comme bien d'autres détaillants, de Gap à H&M. Pour ces professionnels de la vente, la Chine, sa main-d'oeuvre bon marché et son yuan sous-évalué sont une aubaine. Mais pas question de le crier sur tous les toits. Le temps où le lobby textile américain s'exprimait en faveur de la Chine est passé. Même chose, d'ailleurs, pour la voix des grands patrons américains, l'US Chamber of Commerce. Certes, les entreprises américaines qui « sourcent » leurs produits en Chine ont tout à perdre d'une réévaluation du yuan, réclamée à cor et à cri par l'administration Obama - et l'équipe Bush avant elle - puisqu'elle renchérirait leurs coûts de fabrication et ferait fondre leurs marges. Mais elles estiment qu'elles ont davantage à perdre à une guerre commerciale ouverte entre Pékin et Washington, qui induirait un regain de protectionnisme entravant leur pénétration du marché chinois. Et ce, d'autant qu'elles misent sur l'immense classe moyenne en émergence en Chine pour compenser, dans leurs comptes, le manque d'appétit caractérisé des consommateurs européens.Étrange schizophréniePis, un soutien à la Chine serait dommageable pour leur image auprès du public. Même si en achetant chinois, les Américains font preuve d'une étrange schizophrénie, creusant leur propre tombe en se privant d'une source d'emplois aux États-Unis, alors que le taux de chômage avoisine les 10 %, les entreprises américaines jugent qu'il est délicat de vanter les mérites des salariés chinois sans s'attirer les foudres des syndicats. L'AFL-CIO, la fédération des syndicats américains, n'a cessé de monter au créneau pour demander un « level playing field », une aire de jeu équitable entre les deux partenaires commerciaux. L. J. B.
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