Chypre : comment on en est arrivé là

Depuis l'annonce de l'accord conclu dans la nuit de vendredi à samedi sur le sauvetage de Chypre par la troïka (Union européenne, Banque centrale européenne et FMI), l'affolement gagne les épargnants chypriotes. Et pour cause, en échange d'une aide financière de 10 milliards d'euros, toutes les sommes épargnées dans le pays risquent d'être taxées de manière exceptionnelle. Les dépôts bancaires en deçà de 100.000 euros pourrait être immédiatement ponctionnés de 6,75%, et ceux au delà de ce seuil de 9,9%. Le gouvernement chypriote a par ailleurs accepté de faire passer le taux d'imposition des sociétés de 10 à 12,5%. Pour comprendre comment Chypre est en passe d'en arriver à de telles mesures, La Tribune vous propose un récapitulatif des étapes, depuis la demande d'aide financière par le pays auprès de l'Union européenne, jusqu'à aujourd'hui:2012• 25 juin: Chypre demande l'aide financière de la zone euro pour contenir les risques pour l'économie du pays provenant de son secteur financier. La demande intervient après un appel à l'aide de ses deux principales banques qui ont subi des pertes évaluées à 4,5 milliards d'euros en raison du plan de sauvetage pour la Grèce.>> Après l'Espagne, Chypre sollicite à son tour l'aide de l'Europe>> Comment Chypre est devenue malade de ses banques>> Le double visage de Chypre>> Chypre désormais en catégorie spéculative chez Fitch• 8 octobre: L'Union européenne appelle Chypre à parvenir rapidement à un accord sur le plan de sauvetage financier proposé par la troïka (UE, FMI, BCE). La troïka demande notamment de réduire les salaires des fonctionnaires de 15%, les prestations sociales de 10%, de diminuer l'aide au logement et les subventions indexées sur l'inflation, et d'augmenter de nouveau la TVA.>> Chypre sera-t-il le deuxième « cas unique » de la zone euro ?2013• 11 janvier : La chancelière allemande Angela Merkel appelle Chypre à mener des réformes.• 13 janvier: L'agence de notation financière Standard and Poor's (S&P) fait basculer Chypre dans la catégorie "spéculative" en abaissant la note de sa dette à long terme de deux crans à BB+. La catégorie spéculative regroupe les débiteurs qui présentent des risques pour leurs créanciers.>> Les 5 raisons qui ralentissent l'aide à Chypre• 21 février: Le directeur général du Mécanisme européen de stabilité (MES) Klaus Regling estime que Chypre présente un risque pour l'ensemble de la zone euro.>> "Chypre est systémique" selon le patron du MES• 24 février: Nicos Anastasiades, vainqueur de l'élection présidentielle, affirme comme première priorité de son mandat de restaurer la crédibilité de Chypre.>> Chypre: le conservateur Anastasiades élu président à une large majorité>> Chypre: l'aide internationale enjeu majeur de l'élection présidentielle• 4 mars: Chypre accepte la demande de la zone euro pour se soumettre à un audit sur le blanchiment d'argent, mené par un cabinet indépendant.• 5 mars: Visite d'experts de l'Union européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international (FMI) pour étudier la situation des entreprises semi-publiques du pays.• 13 mars: L'agence Moody's est la deuxième grande agence de notation à classer Chypre parmi les emprunteurs à risque. Elle dégrade sa note à "Baa3", l'équivalant au BB+ de Standard & Poor's. La troisième grande agence, Fitch Ratings, note encore Chypre "BBB-", la plus faible note possible pour un emprunteur fiable.• 16 mars: Accord avec la zone euro et le FMI sur un plan de sauvetage d'un maximum de 10 milliards d'euros. En échange, une taxe exceptionnelle de 6,75% sur les dépôts bancaires en-deçà de 100.000 euros et de 9,9% au-delà de ce seuil sera instauré, ainsi qu'une retenue à la source sur les intérêts de ces dépôts. Ces prélèvements devraient rapporter au total 5,8 milliards d'euros. S'y ajoutent des privatisations et une hausse de l'impôt sur les sociétés qui passera de 10 à 12,5%.Les besoins totaux de Chypre avaient été évalués à 17 milliards d'euros.>> Chypre décroche une aide de 10 milliards d'euros• 17 mars: Le gouvernement reporte d'un jour la session d'urgence du Parlement qui devait entamer le processus de ratification du plan de sauvetage. Le Parlement veut le valider avant que les banques ne rouvrent leurs portes mardi matin, lundi étant férié. Selon la télévision d'Etat, les banques pourraient rester fermées également mardi, dans la perspective d'une prolongation du processus de ratification.>> Chypre: le parlement se prononcera sur la taxation bancaire lundi"La solution doit être socialement acceptable"Ce dimanche, les réactions n'ont pas manqué au sein de l'Union européenne. Le président du Parlement européen Martin Schulz s'est prononcé en faveur d'une protection des petits épargnants. "La participation des investisseurs" a-t-il considérait, tout en soulignant que les petits épargnants locaux ne portent aucune responsabilité dans les problèmes actuels. "La solution doit être socialement acceptable. Elle doit être corrigée par exemple avec une exemption de taxes sous la limite des 25.000 euros de dépôts" a-t-il estimé sur l'édition en ligne de Welt am Sonntag.Le ministre des Finances britannique George Osborne a de son côté souhaité rassurer ses concitoyens résidants à Chypre. "Pour les gens qui servent dans notre armée, les gens qui servent noter gouvernement à Chypre (...) nous allons verser une indemnité à toute personne frappée par cette taxe bancaire" a-t-il annoncé à l'antenne de la BBC. Il faut dire que la Grande-Bretagne a gardé des relations étroites avec l'île chypriote, le pays comptant 3.500 militaires expatriés sur Chypre."La confiance envers Chypres (...) réduite à néant"Enfin, Anatoli Aksakov, député et président de l'Association des banques régionales de Russie, s'est montré inquiet concernant les avoirs russes à Chypres. Il craint  que ceux-ci soient ponctionnés de quelques 20 milliards de dollars d'un seul coup. "La confiance envers Chypre, comme un endroit sûr pour placer de l'argent, va être réduite à néant" a-t-il déclaré, cité par l'agence d'information Interfax. Le président chypriote Nicos Anastasiades doit s'adresser à son pays dimanche 17 mars vers 20h, heure française afin d'essayer d'expliquer le plan de sauvetage conclu samedi matin.  
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.