Un déséquilibre sino-européenne

L'affaire pourrait sembler anecdotique, mais elle révèle en réalité toute l'amertume des Européens vis-à-vis de la Chine : fin 2009, un consortium chinois a remporté un appel d'offres pour la construction d'autoroutes en Pologne, signe, selon les Européens, de la grande ouverture du marché du Vieux Continent. Or la réciproque n'est pas vraie, se plaignent les Vingt-Sept. Le flamboyant ambassadeur de l'Union européenne (UE) en Chine, Serge Abou, s'en est encore plaint mercredi : « J'aimerais que les entreprises européennes puissent construire des autoroutes dans les provinces chinoises », s'est -il impatienté lors d'une conférence de presse. « Nous n'avons pas de clauses sur une préférence indigène et traitons nos entreprises et les entreprises étrangères sur un pied d'égalité. »Officiellement, les relations entre l'Europe et la Chine ne vont pas mal. En 2007, ont été lancés les pourparlers sur le nouvel accord de partenariat et de coopération, justement pour améliorer la communication entre l'Europe et la Chine. Le coup de froid qui a visé certains grands pays de l'Union comme la France, il y a un an et demi, autour de la question du Tibet semble dissipé. L'UE absorbe 20 % des exportations chinoises (214,7 milliards d'euros). La Chine est devenue le premier fournisseur européen, mais reste - pour l'instant - le deuxième partenaire commercial derrière les États-Unis. Inversement, l'UE est devenue le premier partenaire commecial de la Chine. Mais les échanges sino-européens se soldent par un déficit commercial croissant au détriment des Vingt-Sept (133 milliards d'euros en 2008).Une situation qui fragilise Bruxelles. « Le problème de l'Europe c'est de se faire entendre, nous n'avons pas de vrai poids politique », se lamente un diplomate européen à Pékin. Qu'il s'agisse de la parité du yuan, la monnaie chinoise, des transferts de technologies exigés par Pékin, de la prolongation des mesures antidumping appliquées par l'Europe sur les chaussures d'origine chinoise et de la riposte symétrique chinoise sur les attaches rapides en acier, les motifs de friction abondent.« Nous sommes inquiets de voir les procédures de plus en plus complexes », s'est plaint Serge Abou. Presque toutes les entreprises européennes doivent décrocher le fameux « CCC » (certificat chinois obligatoire) pour pouvoir exporter en Chine. Or ce sésame requiert des « délais très longs et des coûts de plus en plus élevés », a poursuivi Serge Abou.Mais contrairement aux États-Unis, où les sénateurs ont déposé une proposition de loi visant implicitement la Chine soupçonnée de sous-évaluer sa monnaie, l'Europe affirme ne pas vouloir exercer des pressions sur Pékin, auxquelles elle dit « préférer les discussions ». Le 29 avril, tous ces sujets seront au menu des rencontres entre José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, avec le Premier ministre chinois, Wen Jiabao. Laurent Chemineau avec Véronique Mangin, à Pék
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