Protestations contre les excédents allemands et chinois

Les surplus commerciaux des deux géants font l'objet de critiques acerbes. Les États-Unis et le FMI font feu de tout bois contre la sous-évaluation du yuan, tandis que la France concentre ses tirs sur l'Allemagne, accusée de dégager des excédents colossaux au détriment de ses partenaires européens en s'appuyant sur une stratégie de compression de ses coûts salariaux. Les pays comme l'Allemagne, qui « accumulent les excédents », doivent rééquilibrer leur production et leur consommation, a indiqué le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, emboîtant le pas à la ministre de l'Économie, Christine Lagarde.Alors que l'économie mondiale renoue avec la croissance ? le FMI table sur une expansion de 4 % en 2010 -, la réduction des grands déséquilibres mondiaux redevient une priorité. Pour éviter une répétition de la dépression des années 1930, les pays membres du G20 ont adopté des plans de relance massifs - près de deux points de PIB mondial - épaulés par les banques centrales.La demande privée peut-elle prendre le relais des béquilles publiques, sachant que les États-Unis ne sont plus en mesure de jouer le rôle de consommateur en dernier ressort ? La Chine et l'Allemagne, accusées de doper artificiellement leurs exportations au détriment de leurs partenaires commerciaux, constituent évidemment deux candidats de choix. L'Europe du Sud est aujourd'hui condamnée à l'austérité pour restaurer ses finances publiques, après avoir tiré les exportations allemandes pendant toute la décennie.Christine Lagarde « a posé une vraie question, qui est un peu la question que se posent les Américains et les Chinois quand ils discutent ensemble », a souligné Christian Noyer, qui est membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE). « Le problème entre les États-Unis et la Chine, c'est que les États-Unis sont déficitaires, mais ils consomment et importent beaucoup de Chine », tandis que « la Chine est excédentaire et a une croissance forte, car elle vend beaucoup aux États-Unis », a-t-il rappelé. « Quand on dit qu'il y a un déséquilibre, je ne sais pas qui est responsable. »Le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, abonde dans le même sens, soulignant que les pays affichant d'importants déficits extérieurs, comme les États-Unis, devraient développer leurs exportations, tandis que les pays enregistrant un excédent extérieur, comme la Chine ou l'Allemagne, devraient stimuler leur demande intérieure. « Certaines devises sont à l'évidence sous-évaluées, notamment le renminbi », a déclaré l'ancien ministre français de l'Économie à propos du yuan chinois. « Le processus de rééquilibrage d'une croissance tirée par l'intérieur en Chine ira avec l'appréciation du renminbi », a-t-il ajouté.Pour l'heure, ni la Chine, ni l'Allemagne ne veulent entendre parler d'une remise en cause de leur modèle de croissance. « Les Allemands sont décourageants, tempête Antoine Brunet qui dirige AB Marché. Les syndicats allemands ont accepté une année blanche sur les salaires et l'opinion publique est hostile à des baisses d'impôts de nature à soutenir la demande intéri-eure. » Xavier Harel
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