Défense : l'Elysée proche d'accorder 30 milliards d'euros par an aux militaires

Selon nos informations, l\'Elysée pencherait pour un seuil symbolique de 30 milliards d\'euros de dépenses militaires par an tout au long de la prochaine Loi de programmation militaire (2014-2018). Soit 1,5 % du PIB. Ce qui serait un moindre mal tant les échos de ces dernières semaines étaient très, très pessimistes pour le budget de la défense, tel que le voulait Bercy, c\'est-à-dire au plancher des vaches. La baisse serait toutefois de 4 % pour descendre de 1,56 % du PIB à 1,5 %, comme l\'a rappelé mercredi le président socialiste de la commission des affaires étrangères et de la défense au Sénat, Jean-Louis Carrère. Soit une perte sèche pour les militaires de 1,2 milliard d\'euros. Reste à savoir si ces 30 milliards d\'euros seront atteints avec ou sans recettes exceptionnelles. Les sénateurs préconisent d\'abonder le budget de la défense des produits de cessions de participations dans des groupes de défense publics et privés (soit 12 milliards au total, selon le sénateur UMP Jacques Gautier).C\'est donc lors du prochain conseil de défense, qui doit se tenir selon des sources concordantes le 19 mars, que le président François Hollande devrait trancher entre Bercy et le ministère de la Défense, qui défend logiquement des coupes modérées dans son budget. Jean-Yves Le Drian estime que \"la défense doit contribuer au redressement des comptes publics, ni plus, ni moins\". Et ne pas être une variable d\'ajustement comme certains au gouvernement le souhaitent. Le ministre de la Défense cherche ainsi à obtenir, selon nos informations, une variante de la trajectoire dite \"Y\", - la trajectoire la plus modérée mais qui conduit toutefois à des sacrifices (pertes nettes d\'emplois) dans l\'industrie de défense - plus 1 milliard d\'euros de ressources exceptionnelles. Et le ministre a reçu dans son combat l\'appui de l\'Agence des participations de l\'Etat (APE), très inquiète d\'une éventuelle casse industrielle. Selon nos informations, l\'APE a même monté un dossier, qui aboutit au même conclusion que celui de la direction générale de l\'armement (DGA) : si on descend en dessous de la trajectoire « Y », plusieurs dizaine de milliers d\'emplois seront détruits. L\'APE serait donc \"partante pour vendre des participations dans des entreprises de défense pour apporter ces fameuses recettes exceptionnelles\", explique-t-on à La Tribune. Bercy devra trouver d\'autres économies. Mais comme le rappelle l\'ancien chef d\'état-major des armées (2006-2010), le général Jean-Louis Georgelin, \"la dépense publique, en France, représente 56 % du PIB. Quand on enlève 1,5 % pour la défense, il reste 54,5 %. Sans doute y a-t-il, dans cette masse, des marges de manoeuvre à explorer\"  (voir schémas de l\'INSEE).Un deuxième conseil de défense ?C\'est donc l\'heure des arbitrages. François Hollande devrait défendre une ligne modérée lors du prochain conseil de défense, qui réunira le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, les ministres de la Défense, Jean-Yves Le Drian, de l\'Intérieur, Manuel Valls, de l\'Économie, Pierre Moscovici, du Budget, Jérôme Cahuzac, et des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Le chef d\'état-major des armées, l\'amiral Édouard Guillaud, dont on murmure son maintien jusqu\'en 2014, doit être également présent. Pour autant, certaines sources estiment qu\'il faudra un deuxième - le 26 mars, comme le révèle Le Point -, voire un troisième, conseil de défense pour trancher.Si la décision d\'octroyer 30 milliards d\'euros par an était validée, on serait bien loin des préconisations laissées par Jean-Marie Guéhenno, qui a claqué la porte et laissé une soixantaine de pages. Du coup le conseiller spécial de Jean-Yves Le Drian, Jean-Claude Mallet, a pris le relais. \"Il est tout aussi ravi qu\'ennuyé\", estime un observateur. Ennuyé parce que Jean-Marie Guéhenno y est allé très fort. Trop fort ? Il recommandait notamment de faire passer la part de la richesse nationale consacrée aux armées de 1,56 % du PIB en 2011 à 1,1 %, la fameuse trajectoire Z, de diminuer le budget équipement de la délégation générale de l\'armement (DGA), aujourd\'hui de l\'ordre de 10/11 milliards d\'euros par an à cinq milliards, et, enfin, de tailler dans l\'armée de terre pour la remplacer par des forces spéciales...Hollande prépare-t-il le terrain ?Le coup de gueule des présidents de groupes politiques au Sénat, de gauche comme de droite, contre des coupes trop sévères dans le budget, la demande de rendez-vous des industriels à l\'Elysée inquiets pour les emplois en France (voir ci-dessous) est finalement une aide (divine ?) à une décision difficile à prendre pour le président Hollande. Car elle sera très impopulaire dans son gouvernement (des économies devront être trouvées ailleurs que dans la défense) et dans une moindre mesure dans l\'électorat de gauche. Mais elle permettra de sauver des emplois hautement qualifiés et une filière d\'excellence, comme le rappellent les PDG des groupes signataires de cette lettre révélée par Les Echos. Un \"sauvetage\" de cette industrie peut finalement se révéler être un bon calcul politique pour François Hollande en 2014, l\'année des municipales. Car une casse industrielle (30.000 à 50.000 emplois supprimés) scellerait vaisemblablement un revers sanglant pour la majorité. \"François Hollande le sait. C\'est aussi pourquoi, le budget est en train de perdre cette bataille\", estime un bon connaisseur du dossier.
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