L'enfance de l'art

Il est né à Vienne en 1890, a tourné ses premiers films à Berlin d'où il est chassé par les nazis. Réfugié en France en 1936, Fritz Lang réalise « Liliom » avant de s'en aller retrouver certains de ses compatriotes - tel Lubitsch - en Californie.C'est un peu son histoire que raconte la nouvelle exposition de la Cinémathèque à Paris, dont « La Tribune » est partenaire. Celle, surtout, d'un septième art naissant qui s'épanouit dans les studios de Paris, Berlin et Hollywood. Et connaît entre 1910 et 1930 d'extraordinaires bouleversements.Pour évoquer tout cela, on a puisé des photos de tournage au sein de l'impressionnante photothèque de l'institution, couplées à d'autres issues de la collection de Gabriel Depierre (1929-2004), jadis assistant de Roger Corbeau (1908-1995), l'un des plus grands photographes de plateau du cinéma français. Et c'est ainsi que l'on voit évoluer, au fil des années, lumière, son, décors ou direction d'acteur.C'est que en 1910, le cinéma en est encore à ses balbutiements. Les réalisateurs tournent à la lumière du jour. Pour les décors, de lourdes toiles peintes font l'affaire et sont filmées avec des caméras rudimentaires.Le parlant change la donneAux États-Unis, il faut attendre quelques années pour que ce petit monde migre vers Hollywood, la ville de Los Angeles - flairant le bon filon - ayant promis aux réalisateurs 350 jours de soleil par an.En France, le cinéma sort parfois de son bocal et l'on va à La mer de Sable, aux portes de Paris, pour tourner des films censés se passer en Égypte. Mais la plupart des studios trouvent refuge dans de grands hangars à verrière à Vincennes ou à la Villette.Avec les années, les caméras se perfectionnent. On utilise des lumières si puissantes que les acteurs doivent s'en protéger. On abandonne aussi la toile peinte pour d'extraordinaires décors grandeur nature. Erich von Stroheim fait par exemple reconstruire à Hollywood une réplique du casino de Monte Carlo pour « Folies de femmes ». Mais c'est réellement l'avènement du parlant qui change la donne, imposant de nouvelles techniques, une nouvelle façon de diriger les comédiens, une relation nouvelle entre ces derniers et leur metteur en scène.Au final, on aurait aimé que cette exposition destinée aux cinéphiles dépasse l'anecdote pour nous en raconter plus, sur le genre de films qui se tournaient dans ces années-là ou sur la mainmise des nazis sur les studios de Berlin. Ça sera peut-être pour une prochaine fois... n « Tournages Paris-Berlin-Hollywood 1910-1939 », à la Cinémathèque française jusqu'au 1er août. www.cinematheque.fr Catalogue : coéditions Le Passage- la Cinémathèque française, 216 p., 39 euros.L'actrice Constance Bennett filmée en plongée pendant le tournage de « Achetée » (Bought, Archie Mayo, 1931).
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