Sarkozy, l'homme en embuscade

« La France est de retour en Europe », l'une des premières déclarations de Nicolas Sarkozy, sitôt après son élection en mai 2007, sonnait comme une profession de foi. Le chef de l'État l'a démontrée en aidant à ressusciter le traité européen au cours de la présidence allemande, puis en éblouissant le monde par son activisme au cours de la présidence française qui, par chance, coïncida avec le début de la crise. Mais la désinvolture de Nicolas Sarkozy à l'égard des institutions européennes, notamment de la Commission (il est vrai très absente), a fini par mettre mal à l'aise nos partenaires. D'autant que le président a changé de pied à plusieurs reprises sur l'Europe, tentant un axe franco-britannique en début de quinquennat avant de se convaincre que le couple franco-allemand reste le centre de gravité de l'Union. Ses relations difficiles avec l'Allemande de l'Est Angela Merkel n'ont pas empêché Paris et Berlin d'avancer d'un même pas, malgré des tensions, que ce soit au coeur de la crise bancaire de 2008, puis pour décider la relance de 2009. Mais la valse Sarkozy-Merkel est devenue un tango depuis l'hiver 2009-2010, à l'occasion de la crise grecque. La France a du mal à supporter les intransigeances allemandes et l'Allemagne l'agitation française. Au final, Sarkozy se montre toutefois un bon Européen, mettant tout son poids dans la balance pour améliorer la gouvernance économique et sauvegarder une zone euro plurielle, avec les Grecs. Mais sa volonté de politiser l'Europe et même parfois de la gouverner - n'a-t-il pas, au motif de la crise, proposé de prolonger sur 2009 la présidence française de l'Union plutôt que de céder les rênes aux Tchèques - heurte les us et coutumes, l'intergouvernemental prenant le dessus sur le communautaire dans les processus de décisions. Surtout Nicolas Sarkozy est soupçonné par nos partenaires, en particulier l'Allemagne, de vouloir instrumentaliser l'Europe au service de la France, qu'il s'agisse de la politique industrielle, de la maîtrise de l'immigration ou du partenariat euro-Méditerranée. Au risque d'être parfois contre-productif. Philippe Mabille
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.