Retraites : le débat sur la pénibilité au coeur des discussions

L'ultime « concertation » sur la réforme des retraites s'est ouverte jeudi. Le ministre du Travail a reçu tour à tour le Medef, la CFTC, la CFDT et l'UPA. Ce vendredi, suivront la CFE-CGC, l'Unsa et la CGPME. Force Ouvrière et la CGT n'ont pas demandé de rendez-vous au ministre du Travail, estimant inutile d'aller discuter de « centièmes derrière la virgule », selon l'expression d'un porte-parole de FO. De fait, la marge de manoeuvre des partenaires sociaux est faible. D'une part parce que ce vendredi soir, la copie du gouvernement sera bouclée : l'avant-projet de loi doit être envoyé ce week end au Conseil d'Etat. D'autre part, parce que le périmètre de la discussion est réduit. Interrogé sur RTL jeudi matin, Eric Woerth a été très clair : il a exclu de revenir sur les mesures d'âge, à savoir le recul de deux ans de l'âge légal du départ à la retraite et de l'âge de départ à taux plein. En revanche, il s'est déclaré plus ouvert à une discussion sur les carrières longues et la pénibilité.Sur le premier point, les discussions risquent de buter très vite sur le coût. Le gouvernement estime avoir déjà fait un geste en faveur des salariés ayant commencé à travailler tôt, en ouvrant le dispositif « carrières longues » aux salariés ayant débuté à 17 ans, et en reportant d'un an (au lieu de deux) l'âge de départ à la retraite pour ces catégories. Un « cadeau » de 1,3 milliard d'euros. « traçabilit頻Sur la pénibilité, le jeu est plus ouvert. L'Elysée et le ministère du Travail seraient prêts à entériner le principe de départs anticipés de salariés exerçant des emplois pénibles, sur la base de critères d'expositions aux risques (nombre d'années de travail de nuit ou d'exposition à des produits dangereux). Mais cette mesure ne serait effective que lorsqu'il sera possible d'établir la « traçabilit頻 de la réalité de l'exposition d'un salarié à un ou des risques. Pas sûr cependant que cette concession convainque les syndicats. Car en réalité, cette « traçabilit頻 devrait déjà exister... si les entreprises respectaient toutes leurs obligations de déclaration. En l'état actuel, le dispositif « pénibilit頻 est très restrictif : il s'applique aux personnes frappées d'un taux d'incapacité d'au moins 20 %. Il s'agit de salariés dont l'état de santé est « stabilis頻 après une maladie professionnelle ou un accident du travail, mais qui souffrent encore de séquelles handicapantes : un plâtrier qui a de graves problèmes musculo-squelettiques aux épaules a une incapacité de 20 à 30 %, un salarié (droitier) ayant perdu deux phalanges d'un doigt de la main gauche une incapacité de 24 % ou encore un salarié ayant perdu un oeil une incapacité de 30 %.Les salariés concernés par le dispositif (10.000 personnes par an) pourront prendre leur retraite à 60 ans et à taux plein, même s'il leur manque des trimestres. Beaucoup d'entre eux sont au chômage ou en arrêt maladie au moment de liquider leur retraite : reporter l'âge de départ n'aurait fait que reporter le coût de la retraite sur l'assurance-maladie ou l'assurance-chômage. Reste que le coût du dispositif (quelques centaines de millions d'euros) doit être supporté par la branche AT-MP (accident du travail-maladies professionnelles), financée par les cotisations employeurs. Reste à savoir si toutes les entreprises seront concernées, ou seulement celles qui exposent le plus leurs salariés aux risques.
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