La richesse évaporée durant la crise est définitivement perdue

Comment et à quel rythme se remet-on de la plus grande récession depuis l'après-guerre ? C'est en substance la question posée jeudi par les experts de l'Insee. Et comme le temps perdu, les points de PIB laissés en route ne se rattrappent jamais vraiment, répondent les économistes de l'Institut de statistiques.Examinant les crises bancaires au fil du temps, l'Insee a identifié trois scénarios de sortie de crise. Le pire où on assiste à une rupture durable du rythme de croissance. Le meilleur, dit scénario de rattrappage, selon lequel le rebond permettra d'effacer totalement les effets de la crise, avec tout à la fois un retour de la production et du chômage à leurs tendances ou à leurs rythmes d'avant crise. Et enfin, le scénario intermédiaire, où l'économie retrouve son taux de croissance d'avant la crise, mais sans compenser la perte de revenu intervenue avant la crise. Et c'est bien ce scénario qui a la faveur de l'Insee. En tirant les fils de ce scénario, l'Insee calcule que faute d'une intervention publique pour réduire la dépense, le poids de la dette dans la richesse nationale serait accru de 40 points de PIB à l'horizon de 2018.Une reprise molleRappelons qu'en 2009, le produit intérieur brut tricolore s'est contracté de 2,6 %. Et si l'économie française montre des signes de rebond depuis plusieurs mois, la reprise est molle (+ 0,1 % au premier trimestre de 2010) et devrait le demeurer. Le gouvernement, qui ne devrait pas revoir ses prévisions de croissance avant la deuxième quinzaine d'août, d'après Christine Lagarde, table d'ailleurs sur une croissance modérée de 1,4 % cette année. Loin encore du potentiel de croissance de l'économie française. Dans ces conditions, les stigmates du traumatisme causé par la récession restent vivaces. Jean-Philippe Cotis estime que « la crise a fait perdre à la France, irrémédiablement, environ trois points de PIB de recettes fiscales et sociales. Résultat, selon le directeur général de l'Insee, le déficit structurel des finances publiques s'est dégradé de 3 points de PIB de manière permanente et les pouvoirs publics vont devoir corriger ce déséquilibre. Les autres cicatrices visibles de la crise sont, comme l'ont montré les chocs pétroliers et la récession de 1992-1993, à chercher du côté d'une inflexion nette de l'investissement et d'une montée très nette du chômage. D'après l'Insee, cette envolée du nombre de chômeurs a mis dans ces cas de figure « environ une dizaine d'années à se résorber ». Dans un rapport publié à l'automne dernier, le sénateur UMP Philippe Marini estimait vraisemblable que le taux de chômage soit durablement autour de 10 %.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.