« Les relations franco-britanniques sont apaisées »

Jacques Reland, chercheur français au Global Policy InstituteAprès une visite à la BBC, d'où a été émis l'appel du général de Gaulle, et une visite de l'ancien quartier général londonien du chef de la résistance française, le président français et le nouveau premier ministre britannique David Cameron ont prévu de rencontrer les vétérans français et britanniques. A l'occasion du 70e anniversaire de cette journée historique, Jacques Reland, chercheur français au Global Policy Institute, analyse les hauts et les bas de cette relation franco-britannique. Lorsque Charles de Gaulle arrive le 17 juin 1940 à Londres, c'est Churchill, francophone et francophile, qui va l'autoriser à lancer son appel sur les ondes de la BBC le lendemain, passant outre le scepticisme de certains membres de son gouvernement. Alors que le premier ministre britannique a été déterminant dans son aide à de Gaulle, les relations entre la France et le Royaume-Uni vont vite se dégrader après la guerre. Pourquoi ?Il y a eu des tensions après la guerre entre Churchill et de Gaulle, mais c'était essentiellement une opposition entre deux fortes personnalités. La vraie divergence vient après Suez, en 1956. Les deux anciennes puissances coloniales comprennent qu'elles ne peuvent plus diriger le monde, mais elles en tirent des conclusions opposées : la France choisit l'Europe, la Grande-Bretagne les États-Unis. C'est de là que vient l'opposition de de Gaulle à l'entrée de la Grande-Bretagne dans l'Europe, qui y voyait un cheval de Troie américain. Dans le même temps, la France fait de sa relation avec l'Allemagne sa priorité.Les années 1970 auront permis une détente...Oui, Georges Pompidou permet au Royaume-Uni d'entrer dans la Communauté européenne en 1973. Mais les tensions reviendront dans les années 1980, avec de profonds désaccords entre François Mitterrand et Margaret Thatcher, qui s'opposent sur tout. C'est à ce moment-là que les travaillistes deviennent proeuropéens, voyant dans l'Europe, tirée par Jacques Delors, une opposition sociale-démocrate au libéralisme de Thatcher.Pourtant, l'arrivée de Tony Blair, malgré une période détendue en 1997-1998, n'a pas permis d'améliorer les choses...Essentiellement à cause de la guerre en Irak, qui a été un moment de grande tension. Toute la presse britannique a fait front contre la France. Paradoxalement, la relation franco-britannique ne se détendra qu'avec l'arrivée de Gordon Brown au pouvoir, lui qui est pourtant francophobe et eurosceptique. Mais il a su trouver en Nicolas Sarkozy un partenaire utile, qui lui servait de relais dans l'Europe, tandis que le président français l'a utilisé pour faire bouger Angela Merkel sur les plans de sauvetage bancaire. Que faut-il attendre aujourd'hui du duo Sarkozy-Cameron? La relation est tiède, même si nous sommes dans une période apaisée entre les deux pays. La France s'inquiète de l'euroscepticisme de David Cameron, mais ce dernier a promis d'être constructif. Reste deux dossiers très difficiles : la réforme de la PAC, et le budget européen.
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