Google a collecté des informations confidentielles sur les internautes

Numéros de cartes bancaires, mails personnels, données médicales... Selon la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), ce sont ces informations très confidentielles qu'a potentiellement collectées Google ces deux dernières années. De fait, pour concevoir Google Street View, son service de cartographie fondé sur des images réelles, le moteur de recherche a dépéché des voitures chargées de photographier les rues des villes. Problème : outre les photos prises, les voitures captaient des données de géolocalisation destinées à alimenter Google Latitude, un service pour téléphone mobile que le moteur refuse d'ailleurs de déclarer à la Cnil. Les voitures de Google ont notamment enregistré la localisation des bornes wi-fi, mais également toutes les données des ordinateurs associés dont les mots de passe n'étaient pas protégés. Autrement dit, pendant quelques minutes, tout ce que faisait l'internaute sur son PC était capté, puis stocké sur des serveurs aux États-Unis. « Ça ressemble à des écoutes téléphoniques », s'est insurgé Alex Türk le président de la Cnil, en marge de la présentation du rapport annuel de la Commission. La Cnil a prévenu ces dernières semaines ses homologues européens, ce qui a conduit l'Allemagne à lancer une enquête préliminaire et l'Italie à passer au crible les procédés du moteur.sanctions envisagéesEn ligne de défense, le moteur de recherche a assuré que cette collecte était le fait d'une erreur humaine, tout en faisant amende honorable. Des arguments qui n'ont guère convaincu. « Cette pratique dure depuis deux ans. La pérennité dans l'erreur, c'est inquiétant », a dénoncé Alex Türk. Malgré les déclarations de bonne volonté du PDG de Google, Eric Schmidt, qui a promis début juin que toutes informations seraient transmises aux régulateurs européens, la Cnil envisage des sanctions. Alors qu'elle procédait jusque-là par négociation amiable, elle a adressé pour la première fois le 26 mai une mise en demeure au moteur de recherche afin d'obtenir des informations sur Google Street View. « Google a été amené à rapatrier des données des États-Unis. C'est la première fois que cela arrive », a expliqué Alex Türk. Le moteur a donc commencé à fournir un certain nombre d'informations. La Cnil y a trouvé « des captures de mots de passe associés à des adresses IP ». La commission des sanctions de la Cnil va examiner ces prochaines semaines le dossier. « Ils nous ont répondu, mais, pour l'instant, nous ne savons pas si c'est conforme à ce que nous attendons », a expliqué le secrétaire général de la Cnil, Yann Padova. « Il faut obtenir la destruction des données », a précisé Alex Türk. Si Google n'obtempère pas, des sanctions seront prononcées en septembre. Le groupe risque jusqu'à 150.000 euros d'amende, une somme symbolique à son échelle. Mais la Cnil compte sur la mauvaise publicité pour obliger Google à bouger. « La sanction permettrait de poser le débat », a déclaré le président de la Cnil. Et la transmission éventuelle du dossier au parquet n'interviendrait qu'à l'issue de cette première phase.
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