Les hésitations de Gordon Brown

« Je vais demander que, sur le plan international, nous étudions une façon de limiter les bonus de la City. » (Gordon Brown, 15 septembre 2009). « Les limites individuelles sur les bonus sont impossibles à mettre en place. » (Alistair Darling, chancelier de l'Échiquier, 15 septembre 2009). Laquelle de ces deux annonces se rapproche-t-elle le plus de la position britannique avant le G20 de Pittsburgh ?Un an après la déflagration Lehman Brothers et deux ans après la faillite de Northern Rock, Londres affiche une ligne hésitante sur la réforme financière mondiale. D'un côté, Gordon Brown a profondément changé sa rhétorique, dénonçant très fortement les excès des banquiers. De l'autre, la pression de la City, et même d'une partie de son gouvernement ? pas moins de quatre anciens banquiers sont ministres et secrétaires d'État ? est très forte.Voilà qui explique l'impression de flottement qui se dégage de l'attitude de la Grande-Bretagne pour ce G20, loin du rôle de coordinateur qu'elle avait tenu lors du sommet d'avril. Downing Street se concentre sur une priorité : continuer les plans de relance. « Ce serait un faux pas historique de répéter les erreurs des années 1930 avec un resserrement économique prématur頻, avertissait Gordon Brown début septembre. Cependant, le sujet ne sera pas un problème à Pittsburgh, tous les pays étant sur la même ligne.C'est sur la réforme des règles financières que Londres montre le plus d'hésitations. Certes, le pays s'est recentré par rapport au couple franco-allemand. Gordon Brown et Nicolas Sarkozy se sont rencontrés à quatorze reprises en deux ans et affichent une entente évidente. Néanmoins, si le leader britannique accepte l'encadrement des bonus, il refuse tout plafonnement. Il souhaite une surveillance des paradis fiscaux, mais à condition de ne pas toucher aux îles anglo-normandes. En ce qui concerne les hedge funds, Downing Street s'oppose fortement à la proposition actuelle de directive européenne cherchant à les réguler. « La Grande-Bretagne a obtenu ce qu'elle voulait lors du G20 d'avril, explique Simon Gleeson, du cabinet d'avocats Clifford Chance. Désormais, il n'y a rien que Londres veut absolument. La priorité est seulement de stopper ce dont ils ne veulent pas. »Enfin, le flou de la ligne britannique s'explique pour des raisons politiques. Gordon Brown, grand ordonnateur du G20 d'avril, espérait un rebond dans les sondages après le succès de ce rendez-vous. Il n'en a rien été. Cette fois, l'événement se déroulant aux États-Unis, il sait qu'il ne peut pas améliorer sa popularité avec le sommet de Pittsburgh. À huit mois des élections générales et à dix jours du très important congrès du Parti travailliste, il a nécessairement la tête ailleurs. Éric Albert, à Londre
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