Les financements, nouveaux centres de profits des banques

Les nouvelles stars des banques d'investissement ne sont plus les traders. Cette année, les métiers de financement signent un retour en force alors que les activités de marché accusent une chute de leurs revenus dans les banques françaises. Désormais, les financements aéronautiques, navals, de projets ou d'acquisition sont les nouveaux centres de profits des banques d'investissement. Au premier semestre 2010, les revenus des métiers de financements structurés ont bondi de 28 % au Crédit Agricolegricole et de 36 % chez BNP Paribas (voir graphique). Après une année 2009 plombée par l'envolée du coût du risque, les provisions pour risque de crédit sont retombées à un niveau extrêmement bas qui a permis de dégager des retours sur fonds propres compris entre 20 % et 30 % ! Les financements structurés pèsent pour près de la moitié des profits de la banque d'investissement de BNP Paribas et pour près des deux tiers au Crédit Agricolegricole dans la mesure où ses activités de marché ont été considérablement réduites. L'économie reprend nettement dans les pays émergents et relance les financements de matières premières et de projets. « Toutes les activités de financements structurés ont bien repris, avec une amélioration des niveaux de marges qui sont aujourd'hui satisfaisants même après déduction des coûts de liquidité », résume Jean-François Marchal, responsable des financements structurés chez Crédit Agricolegricole CIB. Car si les nouvelles normes réglementaires de Bâle III épargnent ces métiers en termes d'exigences en capital, elles restent sévères sur la liquidité. En moyenne, son coût oscille entre 0,9 et 1,2 % des encours portant la marge brute des financements de projets par exemple, à environ 2,5 %. Murs de dettesDepuis la crise, les crédits se sont raréfiés et ces métiers sont redevenus très stratégiques pour les entreprises. Ils constituent désormais une véritable force commerciale pour les banques autant que l'étaient les activités de marché avant la crise. Et les banques en profitent. « Pour les acquisitions importantes, BNP Paribas fait partie des quelques banques au monde qui ont aujourd'hui la capacité de s'engager sur des montants très importants », se félicite Dominique Remy, responsable des financements structurés chez BNP Paribas. Et l'avenir s'annonce radieux. Le coût du risque devrait rester bas et les reprises de provisions se poursuivre. D'un côté, la croissance du commerce mondial, les besoins en énergie et en infrastructures alimenteront la demande. De l'autre, les grandes banques de financement ont un avantage concurrentiel fort. Au-delà, les murs de dettes arrivant à échéance à partir de l'année prochaine vont aussi nécessiter des refinancements. Ces belles perspectives suscitent des convoitises. « De nouveaux acteurs commencent à s'intéresser aux financements structurés car ils consomment désormais relativement moins de fonds propres que les activités de marché », explique Jean-François Marchal. Certaines banques comme Santander ou Royal Bank of Scotland affichent même leur agressivité. Matthieu Pechberty
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