Comment piloter au mieux l'action publique locale

Vous avez peut-être noté un changement de ton dans le bulletin municipal que ne manque pas de vous envoyer votre élu. C'est normal : depuis une dizaine d'années, la mise en place de démarches d'évaluation des politiques publiques a provoqué un petit bouleversement culturel. On est passé peu à peu d'une culture de budget à une culture d'objectifs. Marges de manoeuvreLe mouvement s'est accéléré avec la crise financière qui a limité les ressources des collectivités locales. Il a fallu trouver des outils permettant de dégager des marges de manoeuvre. Autrement dit, il a fallu appliquer des principes connus de l'industrie - la Business Intelligence - à la gestion des collectivités locales. Ce thème a été au centre des débats d'une récente journée de conférences organisée par « La Tribune » et PPPagency, en partenariat avec l'éditeur NQI.Parmi les témoins présents, le maire de Nevers, Florent Sainte- Fare-Garnot, a expliqué cette démarche qu'il a mise en oeuvre, parfois difficile, mais qui s'est révélée fructueuse au bout de deux ans et demi. Située au confluent de l'Allier et de la Loire, Nevers est la préfecture de la Nièvre (Bourgogne). C'est une ville moyenne de 40.000 habitants qui emploie à leur service 80 agents répartis sur plus de trente sites et exerçant plus d'une centaine de métiers.« Dès mars 2008, après les élections, nous avons voulu nous doter d'un outil de pilotage en privilégiant une approche politique, explique Florent Sainte-Fare- Garnot. Cependant, lors de la préparation du budget 2009, nous avons eu des contraintes extrêmement fortes, qui se sont traduites par le besoin d'économiser 3 millions d'euros sur deux ans. »Une somme assez considérable pour une ville moyenne.Pour y parvenir, les élus ont décidé d'élaborer des tableaux budgétaires par politiques publiques. Trois types de classements ont été utilisés. D'abord un classement « activité » qui permet de rester le plus proche du terrain (par exemple, gestion du cimetière, accueil des habitants, organisation de réceptions pour les associations, dynamisation du commerce) ; ces activités ont ensuite été regroupées en différents domaines d'action ; troisième classement : la réunion de ces regroupements d'activités en politiques publiques.Cette étape, commencée à l'été 2008, a duré environ six mois. Elle s'est calée sur le processus d'élaboration budgétaire, conclu fin mars 2009. Elle a permis d'associer les élus et les directeurs au sein de comités stratégiques. Cela n'a pas été sans mal. « Imposer en douceur cette culture managériale ressemble à l'infusion du thé, sourit Florent Sainte-Fare- Garnot. Cela commence doucement et puis cela s'accélère... » Car, aujourd'hui, ni élus, ni directeurs de la ville de Nevers ne pourraient plus se passer de ces comités stratégiques. Trois réunions par anPour se doter d'un outil ad hoc, la ville de Nevers a travaillé sur le logiciel Orchestra de NQI, en partenariat avec cet éditeur. « Pour le budget 2010, nous avons stabilisé notre présentation par politiques publiques, souligne le maire. Nous avons aussi créé une démarche de suivi budgétaire avec trois réunions par an. »Le budget 2011 sera l'occasion de mettre en oeuvre une brique d'évaluation des politiques, à la fois sur le quantitatif (combien d'enfants ont assisté à une animation sur la culture scientifique et sur une animation sur le développement durable?) et qualitatif (quel est l'impact de nos actions ?). Conclusion de Florent Sainte-Fare-Garnot : l'exercice n'est pas simple, mais la bonne gestion d'une cité et la démarche politique peuvent être réconciliées.Pascal Boulard
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