La désignation du futur maire de Moscou a été annoncée vendredi soir par le président russe Dmitri Medvedev. Il ne s'agit, en principe, que d'une « recommandation », qui doit encore être approuvée mardi par les députés municipaux. Cette étape est toutefois considérée comme une pure formalité dans la verticale très rigide du pouvoir russe.Dmitri Medvedev justifie le choix de Sergueï Sobianine par le fait que ce dernier « possède une vaste expérience en tant que dirigeant », ce qui l'aidera à « résoudre les nombreux problèmes de la capitale », sous entendu la congestion catastrophique des transports et le système népotique mis en place par l'ancien maire Iouri Loujkov. Moscou pèse à elle seule près d'un quart du PIB russe. Le président russe a aussi pointé du doigt la lutte contre la corruption, un domaine « où trop peu a été fait ces derniers temps », accusant même à demi-mot l'ancien maire d'avoir mis au point des « méthodes qui devraient au minimum être vérifiées sous l'angle de leur légalité ». Iouri Loujkov a été limogé le 28 septembre après dix-huit ans de règne sur la capitale, pendant lesquels son épouse est devenue multimilliardaire avec sa société de BTP.L'opposition se réjouit du départ de Iouri Loujkov, mais elle regrette que les Moscovites n'aient pas été consultés et que le nouveau maire soit parachuté à Moscou. « D'abord, il n'est pas moscovite », note Sergueï Mitrokhine, leader du parti Yabloko. « De plus, il a été nommé et non élu. Il devra prendre des décisions importantes pour gagner le soutien de la capitale, comme par exemple annuler le plan général [de développement municipal très controversé imposé par Iouri Loujkov juste avant son départ] ».Fidèle et proche de PoutineSergueï Sobianine, 52 ans, est né et a passé l'essentiel de sa vie en Sibérie. Juriste de formation, il est entré en politique en 1982 dans l'organisation des jeunesses communistes. Le tournant de sa carrière intervient en 2000, lorsqu'il est remarqué par Vladimir Poutine, qui en a fait l'un de ses représentants dans l'Oural, puis le nomme gouverneur de la région de Tioumen l'année suivante. En 2005, Sergueï Sobianine est promu chef de l'administration présidentielle, où ? et c'est tout un symbole ? il succède à Dmitri Medvedev. Depuis lors, il est considéré comme l'un des plus fidèles et des plus proches de Vladimir Poutine. Les observateurs ne doutent pas que sa nomination soit en réalité une décision du Premier ministre russe. Humiliation supplémentaire pour Dmitri Medvedev, la chaîne télévisée d'État Rossia 24 avait annoncé la nomination de Sobianine dès vendredi matin, coupant ainsi l'herbe sous le pied du président, avant de se rétracter quelques heures plus tard. Loin d'être une bévue, cette « fuite » avait pour but de rappeler à tous qui gouverne. Emmanuel Grynszpan, à Moscou

latribune.fr

17 Oct 2010, 23:19

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