Lactalis joue la fibre patriotique pour mettre la main sur Yoplait

La bataille pour avaler Yoplait s'annonce longue et compliquée. Mieux vaut donc avoir de solides appuis. Avant même de déposer son offre pour le rachat de la totalité du capital de Yoplait (révélée par « Les Échos » mercredi), le patron de Lactalis, Emmanuel Besnier, a téléphoné mardi soir au ministre de l'agriculture Bruno Le Maire. De tous les candidats au rachat (Nestlé, Unilever, le mexicain Lala, Coca-Cola...) il lui a rappelé que Lactalis était le seul français, espérant ainsi éveiller la fibre patriotique du ministre. Et de Sodiaal par la même occasion. « Nous voyons mal comment la coopérative pourrait accepter de laisser ses yaourts à un Mexicain ou un Américain », explique-t-on chez Lactalis. Des deux propriétaires de Yoplait, détenu à 50/50 par le fonds PAI et la coopérative Sodiaal, cette dernière sera la plus difficile à convaincre. Dans son communiqué, Lactalis explique qu'il souhaite prendre la majorité du capital (et non une simple moitié) mais se dit prêt à « associer Sodiaal au développement de Yoplait. » «Nous faisons une offre sur la totalité, mais ce n'est pas tout ou rien, et Sodiaal pourrait conserver une partie du capital, de même que les revenus de ses franchises », décrypte le porte-parole de Lactalis, Luc Morrelon. Ces franchises (dont celle de General Mills, aux Etats-Unis) représentent 3,5 milliards sur les 4,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires de Yoplait. Sodiaal, lui, réitère son intention de ne pas vendre et balaie même les arguments cocorico. « Ce n'est pas parce que nous serions possédés par un Mexicain que nous délocaliserions la production », souffle le porte-parole de Sodiaal, Jacques Caillaud. La coopérative se débat encore pour signer son rapprochement avec Entremont, après 18 mois de palabres. Point faibleSelon les observateurs, Lactalis est pourtant un client intéressant. « En terme financier, de production et de management, ce sont les plus forts », estime Ildiko Szalai, analyste chez Euromonitor. Le nouvel ensemble, qui réaliserait 5,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires, aurait des gammes très complémentaires, entre les yaourts nature et aux fruits de Yoplait et les desserts lactés, type La laitière, que Lactalis développe en co-entreprise avec Nestlé. Surtout, la marque Yoplait, comme Président et Galbani chez Lactalis, a vocation à être étendue à l'international (Moyen-Orient, Europe centrale et du sud), son point faible aujourd'hui. 80 % de ses ventes s'effectuant dans les pays matures. Lactalis murmure vouloir débourser 1,3 milliard d'euros pour cette pépite, alors que Lucien Fa, directeur général de Yoplait, évalue sa marque à 1,5 milliard.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.