Inflation : les marchés n'y croient pas

À première vue, ni la flambée des matières premières agricoles, ni l'augmentation des prix de l'énergie, ni l'inquiétude montante des autorités chinoises sur l'évolution des prix, ni même le déversement de liquidités par la Réserve fédérale n'y font rien : les marchés financiers ne croient toujours pas à une reprise de l'inflation dans la zone euro en 2015. C'est ce qui ressort du marché des swaps d'inflation, ces instruments d'assurance qu'utilisent les investisseurs et les industriels pour se couvrir contre le risque d'inflation ou de déflation. Si l'on croit la distribution des probabilités d'inflation telle qu'elle est analysée par les économistes de RBS, les investisseurs estiment qu'il y a 20 % de chances que la zone euro soit alors en déflation, 30 % de chances que la hausse des prix dépasse 3 % l'an, et 17 % qu'elle dépasse même les 4 %. En clair, analyse Jacques Cailloux, économiste en chef sur l'Europe chez RBS, « si les anticipations d'inflation à moyen terme dans la zone euro sont aujourd'hui si faibles, c'est parce que c'est la croissance qui sera déterminante pour le niveau des prix. Et que la croissance de la zone euro sera encore très faible. » Notons qu'aux Etats-Unis, où la tolérance pour l'inflation est plus grande, elle devrait atteindre sur la même période 2,60 %, selon les marchés.Pari sur la déflationAlors, les Cassandre qui annoncent à grand bruit le retour de l'inflation ont-ils tout faux ? Pas sûr. Car tout dépend de l'échéance à laquelle on se place. À court terme, précise René Defossez, stratège taux et change chez Natixis, c'est clair : « Le marché parie sur la déflation, sous l'effet des surcapacités massives en Europe comme aux Etats-Unis, de la baisse des coûts salariaux unitaires et du désendettement des ménages comme des entreprises. Mais depuis l'annonce par la Réserve fédérale de ses rachats pour 600 milliards de dolars de titres du Trésor, on voit bien que les marchés s'inquiètent sérieusement, et anticipent une accélération de la hausse des prix à partir de 2018 : ils savent que ces injections de liquidité massive, la croissance échevelée dans les pays émergents et, même en Europe et aux Etats-Unis, la reprise d'activité, qui entrainera les salaires, finiront tôt ou tard par réveiller l'inflation. »
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