Le gouvernement Merkel reste muet sur la réduction des dépenses publiques

AllemagneC'est un budget fédéral de tous les records qu'a présenté mercredi le nouveau ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble. Jamais le déficit de l'État fédéral (85,8 milliards d'euros), son endettement annuel (100 milliards d'euros) et ses dépenses (323,4 milliards d'euros, en hausse de 7 % sur un an) n'auront été aussi élevés. « Ce budget est le reflet de la crise », s'est défendu le ministre, qui estime qu'il n'y avait « pas d'alternative » à cette politique expansionniste. Seulement, l'Allemagne ne peut se permettre éternellement une telle débauche budgétaire. Les contraintes formelles, d'abord, sont sévères : sa constitution prévoit un retour du déficit « structurel » de l'État fédéral à 0,35 % du PIB en 2016 contre 2,8 % l'an prochain et la République fédérale a promis de ramener son déficit global dans les clous du traité de Maastricht (3 % du PIB, contre 6 % en 2010) d'ici 2013. Mais surtout, comme l'a rappelé Wolfgang Schäuble, l'Allemagne est la pierre de touche de la confiance dans la zone euro. À l'heure où plusieurs pays, comme la Grèce, vacillent, elle doit prouver sa fermeté budgétaire.retour à l'orthodoxieFacile à dire, et le ministre fédéral des Finances ne s'est pas privé de promettre le retour à l'orthodoxie budgétaire la plus stricte en 2011. Sauf qu'à cette date, la coalition a promis de mettre en place une grande réforme fiscale qui conduira à une baisse des impôts de quelque 10 milliards d'euros. La reprise économique restant vraisemblablement modérée au cours des deux prochaines années, il faudra donc, de l'aveu même de la coalition, économiser sur les dépenses entre 25 et 30 milliards d'euros en 2011 pour être dans le rythme imposé par la Constitution.Wolfgang Schäuble reconnaît que les mesures à prendre risquent d'être douloureuses. « L'assainissement des finances publiques nécessitera de grands efforts et ne pourra pas être réalisé avec les moyens conventionnels », a-t-il prévenu. Impossible de savoir ce que seraient des moyens « non conventionnels », sauf qu'une hausse de la TVA est exclue, comme promis par Angela Merkel. Englué dans toutes ses promesses, le gouvernement devra pourtant trancher. Mais Wolfgang Schäuble prétend qu'il est trop tôt et qu'il faut « soigneusement évaluer » la situation. Beaucoup soupçonnent en fait Berlin de cacher ses intentions jusqu'à son premier test électoral, les élections régionales dans le Land le plus peuplé d'Allemagne, la Rhénanie du Nord-Westphalie, qui auront lieu le 9 mai prochain. Or, c'est le 10 mai que l'évaluation des recettes fiscales sera rendue publique. Un calendrier idéal pour annoncer des mesures d'économies peu populaires. Romaric Godin, à Francfort
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