L'Algérie importe du blé pour prévenir une extension des troubles

Craignant une contagion de la révolution tunisienne, l'Algérie multiplie les achats de céréales. Les autorités ont passé commande mardi de 600.000 tonnes de blé après en avoir déjà acheté un million de tonnes au cours des deux dernières semaines. Même si les manifestations de rue ont cessé, la situation reste explosive. La presse algérienne rapporte qu'un chômeur de 36 ans a tenté de s'immoler lundi dans l'enceinte du siège de l'assemblée départementale dans la région d'El Oued, près de la frontière avec la Tunisie. C'est le cinquième algérien a vouloir immiter le geste de Mohamed Bouazizi, dont le suicide, en décembre, a été le point de départ de la révolution tunisienne. La politique algérienne de restriction des importations n'a pas tenue deux ans. Décidée en 2009, cette politique a montré ses limites avec les premières émeutes contre la cherté de la vie qui ont fait cinq morts du 5 au 10 janvier. Le gouvernement, pris de panique, a décidé de supprimer les taxes à l'importation du sucre blanc, du sucre roux, de l'huile brute. Pourtant, ces deux produits sont largement couverts par la production nationale. Début janvier, le prix du sucre sur le marché local a connu une augmentation soudaine de 20 % à 50 %, selon les régions. L'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), monopole de l'État sur les céréales, alimente au compte-gouttes les minoteries privées qu'il accuse de vendre le blé subventionné comme aliment de bétail au lieu de le transformer en farine. Mais la montée en puissance des contestations sociales en raison de la cherté de la vie a poussé l'Algérie a accroître les achats.L'Algérie, qui importe l'essentiel de sa nourriture, a également décidé d'importer, via l'Office interprofessionnel du lait (Onil) d'importantes quantités de lait en poudre pour mettre fin aux pénuries fréquentes de lait en sachet subventionné. « Solution de facilité »Ce revirement est accompagné du gel de la lutte contre l'économie informelle. « Le gouvernement panique en raison de la situation sociale très tendue, mais il commet des erreurs en abandonnant la lutte contre l'économie informelle et en gelant la politique de réduction des importations », estime un analyste. Fort de la manne pétrolière (155 milliards de réserves de change), le gouvernement a décidé de recourir à l'importation pour prévenir les pénuries et calmer le front social, après deux ans de restrictions draconiennes. « Le gouvernement a choisi la solution de facilité pour faire face à la crise », ajoute-t-il. Ali Idir, à Alger
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