« Un dépôt de bilan doit aider à repartir, pas pousser vers la faillite »

Ce chef d'entreprise a tenu à coucher sur le papier l'histoire de son entreprise, son ascension, ses difficultés critiques et sa renaissance.Florissante jusqu'en juin 2008, votre entreprise a failli disparaître en quelques mois. Avez-vous été imprudent ?Certainement. Mais c'est facile de le dire maintenant. Nous avions des finances saines, 2,5 millions de trésorerie, un chiffre d'affaires en hausse... Et en trois mois, notre carnet de commandes a chuté de 55%. Nous n'avions pas anticipé un choc si brutal.Quelles précautions auriez-vous dû prendre ?Travailler avec un minimum de partenaires externes plutôt que d'internaliser 100% des compétences et permettre ainsi à la structure de mieux anticiper les fluctuations du marché. Gonfler davantage la trésorerie. Avec 4 millions d'euros dans les caisses, nous aurions pu faire face à la chute de l'activité et financer notre plan de sauvegarde de l'emploi.Vous êtes très sévère avec ce PSE...Ce plan a failli nous obliger à mettre la clé sous la porte ! Les indemnités accordées aux cadres, les coûts liés aux procédures de licenciement et d'accompagnement ont épuisé notre trésorerie. Au-delà de cet aspect simplement comptable, je regrette l'énergie et le temps dépensés pour établir ce plan car je devais parallèlement dénicher de nouveaux clients pour que Solic survive. Les chefs d'entreprise ne sont pas formés au dépôt de bilan. Bien mené, il peut permettre aux entreprises de repartir. Actuellement, je ne suis pas sûr que le dépôt de bilan n'accélère pas plutôt la liquidation des entreprises.Au-delà du PSE, comment Solic est sortie de la période d'observation ?Grâce à une solidarité sans faille entre le chef d'entreprise et ses collaborateurs, une confiance renforcée entre l'entreprise, ses clients et ses partenaires.Les banques et Oséo vous ont-ils soutenus ?Nous avions deux partenaires bancaires. L'un d'entre eux nous a apporté son aide, l'autre a failli précipiter notre chute définitive. Quant à Oséo, l'établissement nous procurait sa garantie à hauteur de 60% des nouveaux prêts mais notre banque principale refusait de cautionner les 40% restants. Elle voulait que je me porte garant sur mes biens personnels. J'ai refusé.Pourquoi avez-vous décidé de jouer la carte de la transparence en annonçant à vos banques, fournisseurs et clients que vous étiez en difficulté ?Je ne voulais pas qu'ils l'apprennent de manière détournée ou déformée. Si certains ont tenté de profiter de la situation, cette transparence nous a servis : des clients nous ont proposé de régler nos honoraires en 10 jours, contre 45 habituellement. D'autres nous ont suggéré d'augmenter nos honoraires.Comment se porte aujourd'hui Solic ?Nous sommes sortis de la période d'observation avec les félicitations du juge. Or, celui-ci doutait de nous. Même si notre chiffre d'affaires a été divisé par deux, l'exercice 2010 a été bon. Et nous sommes en train de regonfler nos effectifs. Propos recueillis par F. P.
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