« Un monde endetté est un monde collectiviste »

Pascal salin, auteur de « revenir au capitalisme pour éviter les crises »La crise a clairement mis en accusation les défenseurs du libéralisme. Mais peut-on parler d'une faillite de la pensée libérale ?Le libéralisme n'a, en fait, jamais été appliqué et la pensée libérale a toujours été contrariée par des contraintes politiques et une volonté toujours affirmée des États à contrôler l'économie. Ainsi, l'origine de la crise récente n'est pas à rechercher dans le fonctionnement des marchés, mais plutôt dans l'interventionnisme étatique croissant qui empêche les marchés de fonctionner correctement.Le libéralisme, qui fait primer l'individu sur le collectif, ne serait-il pas une utopie ?C'est une utopie réaliste, pas un angélisme. Évidemment, le système libéral parfait ne peut exister, car il doit sans cesse faire face au conflit majeur, dans toute société, entre l'exercice de la liberté et l'exercice de la contrainte. Mais la pensée libérale, en particulier celle issue de l'école autrichienne, est fondée sur une méthodologie et un raisonnement cohérents qui correspondent à la réalité du comportement humain. Elle est donc réaliste. Il n'y a de responsabilité qu'individuelle, car seuls les individus agissent.Selon vous, la crise s'explique avant tout par la politique monétaire des États-Unis ?Les économistes de l'école autrichienne ont parfaitement décrit les mécanismes et les conséquences d'une politique de manipulation des taux d'intérêt. Le contrôle des prix est toujours destructeur. C'est en particulier vrai du contrôle du taux d'intérêt qui a le rôle essentiel d'être le prix du temps ! Il n'y a d'ailleurs jamais eu autant d'inflation et d'instabilité monétaire que depuis l'époque où les États ont pris le contrôle de la création monétaire. Or, la création de monnaie ne fait que créer une illusion de richesse, très commode à court terme, mais qui provoque des bulles spéculatives. La seule solution pour retrouver une certaine stabilité serait d'ôter aux États tout pouvoir monétaire et de le rendre à des acteurs privés et responsables, liés par des engagements contractuels.Quels peuvent être les autres remèdes ?La priorité serait de reconstituer, par une réforme fiscale radicale, une épargne volontaire et abondante qui permette de renforcer les fonds propres des entreprises. Il faut redonner le goût du risque, dans un environnement fiscal et réglementaire sécurisant, aux épargnants et aux entrepreneurs et promouvoir enfin un capitalisme responsable. Nous glissons malheureusement de plus en plus vers des économies de dette, attrayantes à court terme, mais profondément déresponsabilisantes. Finalement, un monde endetté est un monde fondamentalement collectiviste, puisque la discipline de la responsabilité disparaît. Propos recueillis par E. B. et R. Ju.
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