Piroska NagyConseillère du chef économiste de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).Vous tirez la sonnette d'alarme concernant les prêts en devises étrangères réalisés par les banques d'Europe de l'Est. Pourquoi ?Beaucoup de prêts sont effectués en monnaie étrangère, sans aucune couverture contre les risques de change. C'est particulièrement vrai dans les pays Baltes ou en Hongrie, pour 90 % des prêts. En Pologne, la moitié des prêts immobiliers sont en devises. La raison est évidente : les taux d'intérêt des banques centrales occidentales, notamment dans la zone euro, sont nettement moins élevés que dans les pays concernés. Emprunter en euros, ou dans une autre devise étrangère, est donc nettement moins cher. Mais en cas de dévaluation des monnaies locales, les ménages risquent de ne plus pouvoir rembourser et les banques se retrouveraient avec un important taux de prêts non performants. Cela représente un important risque systémique. La crise n'a-t-elle pas fait cesser cette pratique ?Cela continue parce que les plans de soutien à l'économie, notamment du FMI, ont permis d'éviter un véritable effondrement des monnaies locales. Mais il ne faut pas que cette crise recommence, nous avons besoin d'une solution de long terme.Comment ?Il faut progressivement que les prêts se fassent en monnaie locale. Cela nécessite de développer les marchés de capitaux locaux. Il faut donc créer une base d'investisseurs locaux, en s'appuyant notamment sur les fonds de pension. Ce sera plus difficile pour les plus petits pays, qui n'ont pas assez d'investisseurs locaux. Reste enfin le cas des pays qui vont adopter l'euro, le problème sera résolu de lui-même.Propos recueillis par Éric Albert, à Londres« Les prêts en devises posent un risque systémique important. »flashinterview

latribune.fr

18 Févr 2010, 23:47

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