Les pertes pour les caisses de l'État chinois représenteraie...

Les sorties de capitaux minent les recettes fiscales des pays en développementLes importateurs algériens ne décolèrent pas. L'instauration, l'été dernier, du crédit documentaire comme unique moyen de paiement des importations a provoqué de nombreux engorgements en raison du manque de préparation des banques. « Il s'agissait surtout pour Alger de mettre un terme à une hémorragie de devise », explique un diplomate en place. De nombreuses entreprises avaient pris pour habitude de surfacturer leurs importations pour sortir des capitaux d'Algérie. Ces pratiques sont loin d'être propres à l'Algérie. Il s'agit en fait d'un phénomène très répandu comme en atteste les travaux de Simon Pak, professeur de finance à la Pennsylvania State University. En passant au tamis les données du commerce extérieur américain, il a mis en évidence des anomalies incroyables tels que des seaux en plastique tchèques importés aux états-Unis au prix de 972 dollars pièce ou encore des gants de toilette en provenance de Chine à 4.121 dollars le kilo ! En apparence absurdes, ces prix répondent pourtant à une rationalité économique bien précise : réduire l'assiette fiscale de l'entreprise. Les entreprises algériennes qui surfacturaient leurs importations faisaient ainsi coup double puisqu'elles sortaient des devises d'un pays qui reste adepte d'un strict contrôle des changes tout en minorant les bénéfices réalisés en Algérie. Global Financial integrity, un think tank américain créé par le chercheur Raymond Baker a calculé ? en recourant à des modèles économétriques élaborés par la Banque Mondiale et le FMI - que les sorties de capitaux des pays en développement liées à ce type de pratique étaient comprises entre 850 et 1.000 milliards de dollars en 2006. Des montants colossaux qui ne permettaient toutefois pas d'évaluer les pertes de recettes fiscales pour les états affectés. l'afrique plus touchéeC'est chose faite. Un rapport intitulé « The implied tax revenue loss from trade mispricing » évalue environ 100 milliards de dollars par an les pertes de recettes fiscales liées à ce genre de pratique pour les pays en développement, soit 4,4 % en moyenne de leurs recettes fiscales. Cela représente peu ou prou la totalité de l'aide que leur accorde chaque année les pays développés. L'Asie est particulièrement affectée. Les pertes pour les caisses de l'état chinois représenteraient l'équivalent de 31 % de ses revenus. Elles seraient de l'ordre de 30 % aux Philippines et de 15 % en Malaisie. Mais c'est en Afrique que les dégâts seraient les plus importants puisque les pertes atteindraient 31 % au Zimbabwe, 25 % au Mali et au Congo- Brazzaville, 21 % en Zambie, 17 % au Cameroun et 16 % en Guinée et en Ethiopie. n
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