Papandréou adresse un ultimatum à la zone euro

La crise grecque est en train de se transformer en épreuve dangereuse pour la zone euro et l'Union européenne. Inversant les rôles, le Premier ministre grec, Georges Papandréou, a, jeudi, dans une menace à peine voilée, annoncé son intention de se tourner vers le Fonds monétaire international (FMI) si le conseil européen des 25 et 26 mars ne débouchait pas sur une solution européenne. L'ultimatum court jusqu'au 2 avril. La Grèce s'apprête à emprunter 10 milliards d'euros pour honorer une dette qui arrive à échéance le 20 avril. Mais elle refuse de le faire à des taux exorbitants (lire ci-dessous). « La trajectoire de la dette publique est évidemment explosive dès lors que la Grèce doit, à la fois, réduire très fortement son déficit public et supporter des coûts de financement prohibitifs. C'est une sorte de « double peine », souligne Bruno Cavalier, chez Oddo Securities.Ironie de la situation, les mesures réclamées par Bruxelles à Athènes pour renforcer son plan d'austérité, censé lui permettre de ramener son déficit public à 8,7 % cette année contre 12,7 % en 2009, remplissent largement les conditions du FMI pour avoir accès à l'emprunt. « Ils ne nous demandent rien de plus », a précisé Georges Papandréou, qui a déjà pris les devants. Pour le moment, « nous avons le pire du FMI, sans avoir les bénéfices d'un emprunt du FMI », a ironisé le Premier ministre. Merkel ne cède pasL'idée séduit Angela Merkel, car elle lui évite le recours à une aide européenne, dont l'Allemagne assurerait la majeure part : un scénario que les libéraux de sa coalition, mais aussi son opinion publique (à plus de 70 % selon les sondages) ne veulent pas entendre parler. Pourtant, la chancelière allemande affirmait encore le 8 mars que les Européens allaient « résoudre eux mêmes leur problèmes ». C'est sur cette position que se trouvent toujours la France et la Banque centrale européenne (BCE), entraînant de facto une divergence majeure entre les deux grands pays de l'Union (lire ci-contre).Si une aide directe financière à la Grèce aurait un coût politique élevé pour Berlin, elle se traduirait aussi par une coût économique pour la France. Les 303 milliards d'euros de la dette grecque sont détenues par des banques françaises à 25 % contre 14 % pour leurs homologues allemandes. « Le problème grec ne doit donc pas être considéré comme une simple affaire domestique », estime Bruno Cavalier. Sous peine de remettre en cause des années de construction européenne.
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