Les riches et le boulanger

Connaissez-vous Fernand Raynaud ? Les plus vieux d'entre nous n'ont pas oublié son fameux sketch du boulanger. Fernand Raynaud y joue le rôle d'un douanier bien français, qui « n'aime pas les étrangers parce qu'ils viennent manger le pain des Français ». Il s'acharne sur un « étranger » qui vit dans son village. Ce dernier finit par craquer et s'en va. « Alors il a pris sa femme, ses enfants et il est monté sur un bateau et il a été loin au-delà des mers. Et, depuis ce jour-là, on ne mange plus de pain... c'était le boulanger ! » Aujourd'hui c'est un peu la même histoire... Comme tous les vingt ans ou presque dans notre beau pays. Avec les éternels ennemis du peuple : les riches.Que Besancenot n'aime pas les riches, c'est normal, c'est son rôle. Que François Hollande déclare en 2006 « je n'aime pas les riches », c'est déjà un peu plus surprenant. Mais que le chef de l'État décide, à son tour, de reprendre à son compte cette formule populiste « il faut faire payer les riches », cela devient franchement inquiétant.Les riches de Sarkozy sont un peu les nouveaux boulangers de Fernand Raynaud.Qu'ils paient ou qu'ils quittent la France, réclame le peuple ! De ce côté-là, pas d'inquiétude... les plus gros l'ont déjà fait. Il y a presque plus de grosses fortunes françaises à Bruxelles ou à Genève qu'à Paris. Et c'est justement là qu'est le problème. Les vrais riches ne sont plus là, depuis longtemps. Même le chanteur Johnny est revenu sur sa promesse de rentrer en France si Sarkozy était élu, preuve qu'il est plus intelligent qu'on ne le pense. Alors qui sont ces « riches » qui sont encore en France et dont on veut mettre le portefeuille à contribution à défaut de leur tête sur une pique ? À quoi les reconnaît-on ?Ce n'est pas bien compliqué. Pour commencer, il y a déjà les patrons d'entreprises. Tous. Les gros, bien sûr, mais aussi les dizaines de milliers de patrons de PME, des entrepreneurs qui créent des sociétés et qui essaient de faire des bénéfices pour pouvoir continuer à créer des emplois ! Scandaleux ! À bas aussi ceux qui ont fait des économies, jour après jour, pour leurs vieux jours ou ceux qui ont hérité d'un pécule accumulé par plusieurs générations d'ancêtres modestes. Pas de détail, à la guillotine fiscale ! Et les cadres ? Pour qui se prennent-ils avec leurs 3.000 euros de salaires mensuels et leur air supérieur ? Ouste, au cachot. Ne parlons pas des professions médicales, ces profiteurs qui nous soignent en demandant de l'argent. À commencer par les médecins généralistes qui osent réclamer des consultations à 23 euros et travaillent 18 heures sur 24. Et toutes ces professions libérales ! Libérales, cela veut bien dire ce que cela veut dire ! Taxées. Imposées. Biens confisqués. Et l'exil !Notre président a raison. Pour les riches (les faux bien sûr, les vrais sont à l'abri), la France, on la finance ou on la quitte ! Il a trouvé un thème beaucoup plus fédérateur en France que l'écologie qu'il a laissé tomber après le sommet de « la dernière chance » de Copenhague.Le déficit des retraites ? Les riches paieront ! Le maintien de certains services publics coûteux ? Les riches paieront ! Le financement du train de vie de l'État et les gaspillages publics ? Les riches paieront ! Des indemnités en tout genre pour ceux qui ne veulent pas travailler ? Les riches paieront !Tout cela est formidable. Mais attention, les riches qui vont payer ne sont pas ceux qu'on croit. Le riche, c'est peut-être vous ! Vous payez des impôts sur le revenu ? Vous êtes déjà un privilégié ! Vous gagnez 4.000 euros par mois, vous êtes un riche pour François Hollande. Vous avez un PEA ou un contrat d'assurance-vie ? Là votre cas devient dramatique. Et si vous voulez travailler plus pour gagner plus... alors là, c'est foutu. Préparez-vous à souffrir... ou à partir avec le boulanger de Fernand Raynaud. nÀ contre-courant Marc Fiorentino Stratège d'Allofinance.com
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