Baissiers et haussiers s'affrontent sur l'avenir de l'euro toujours sous pression

Après un vigoureux rebond en début de semaine dernière, à l'annonce du plan d'aide à la Grèce, l'euro a recommencé à s'affaiblir face à toutes les grandes monnaies. A la veille du week-end, la monnaie unique avait rechuté, au plus bas dans les transactions, à 1,3490 dollar et 124,50 yens, s'effritant même par rapport à la livre sterling, remontée à 0,8745, pourtant en pleines turbulences pre-électorales britanniques. Néanmoins, de nouveaux signaux contradictoires émanent du marché des changes, ou deux courants distincts se côtoient désormais, qui pourraient empêcher l'euro de retomber au point bas de dix mois vis-à-vis du dollar touché dans la dernière décade de mars à 1,3270 ou au contraire accélérer son reflux. Les « ours » - les baissiers - sont encore majoritaires, et fondent leur aversion pour la monnaie unique sur divers scénarios catastrophe : un possible éclatement de l'euro, une sortie de la Grèce de la zone euro, voire une mise en congé de l'Allemagne. Cette dernière hypothèse est privilégiée par Morgan Stanley. Son stratège londonien, Joachim Fels, met le doigt sur l'aléa moral que représente le plan d'aide à la Grèce, qui permet à tout pays membre de transgresser les règles communautaires sans encourir de sanctions, sachant qu'il sera sauvé in extremis. Un système qui ne peut convenir à la rigoureuse République fédérale, puisqu'il risque de « faire dégénérer l'Europe des Seize en une zone de débauche budgétaire, dotée d'une monnaie faible et devant faire face à des pressions inflationnistes élevées à terme ».volonté de refonteDe leur côté, les « taureaux » - les haussiers - estiment que la zone euro pourrait sortir fortifiée de l'épreuve grecque, en se dotant des mécanismes renforcés de surveillance budgétaire. La marche vers la convergence économique des pays membres, trop longtemps différée, pourrait alors commencer. C'est le scénario auquel souscrit Citigroup, dont l'économiste Michael Hart se veut très optimiste sur l'avenir de l'euro, pronostiquant un « rebond non seulement à court terme mais qui s'inscrira dans la durée ». La volonté de refonte profonde de la gouvernance économique de la zone euro affichée à la veille du week-end par l'Eurogroupe et la BCE donne du grain à moudre aux « taureaux ». Isabelle Croizard
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