La France s'emballe pour les marchés à terme agricoles

Et si les marchés à terme représentaient la parade aux problèmes de l'agriculture française ? L'idée fait son chemin. Du moins entre Bercy, qui la pousse, et le ministère de l'Agriculture qui s'interroge. Les deux ministères ont collaboré dans le cadre d'une mission sur la gestion des aléas économiques en agriculture, résumée dans le rapport Perrin que s'est procuré « La Tribune ». Un document qui réjouit les traders sur les matières premières agricoles. « Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'idée d'un recours au marché n'est plus un tabou ! » s'exclame l'un deux. Et de fait, sur les 36 propositions du rapport, 11 d'entre elles concernent les marchés à terme. « Des signaux prix de qualité sont nécessaire pour fonder la plupart des instruments de gestion des aléas économiques » serine le document de 82 pages. Même si l'idée de l'entrepreneur-agriculteur chère au président de la République est omniprésente, il n'est toutefois pas question de convaincre le fermier de la Creuse de faire de l'arbitrage sur les « futures ». « Il n'est pas question d'inciter tous les agriculteurs à se former à ces outils, l'idée du marché à terme est surtout de fournir une référence de prix » assure William Brun, responsable des grandes cultures au ministère de l'Agriculture. Aujourd'hui, l'essentiel des céréales sont vendues aux coopératives en fonction d'un prix moyen annuel. Seulement 10 % des contrats utilisent les options d'achat et de vente du marché à terme parisien. Mais le signal-prix se diffuse sur toute la filière, avec plus ou moins de succès : si le blé meunier fait consensus, tout comme le colza, le contrat sur le maïs, trop tourné vers la production franco-française, est quelque peu boudé par la filière. Or ce signal peut ensuite être utilisé par les coopératives et les industriels, mais aussi par les compagnies d'assurance appelées à proposer des produits plus fins que l'assurance récolte telle qu'elle existe aujourd'hui. Les nouveaux produits pourraient être indexés sur les fluctuations du marché à terme que les assureurs sont plus à même de maîtriser. Si l'on en croit le rapport, « les marchés à terme présentent un intérêt stratégique (...), dans leur fonction économique et dans le positionnement de l'agriculture française au coeur de la gouvernance des marchés européens. » Des propos auxquels Nyse-Euronext a su se montrer sensible : la place de marché lancera ce printemps trois nouveaux contrats, sur l'orge de brasserie, le lait en poudre, le beurre et le lactoserum. D'autres contrats pourraient suivre, même si, « pour faire un marché, il faut avant tout l'accord de la filière. Et puis il faut caler les produits, ce qui prend du temps » explique William Brun. Parmi les pistes de réflexion, le blé dur, dont le marché manque actuellement de transparence, pourrait rejoindre les autres céréales parisiennes. La filière porcine pourrait aussi être concernée, même si le marché au cadran de Plérin, en Bretagne, qui fait pour l'instant référence, n'est pas encore convaincu du bien fondé d'une telle hypothèse. Et si Paris présente des arguments, en raison de l'expérience de Nyse-Euronext et du statut de première puissance agricole européenne de la France, d'autres places de marchés s'intéressent à ce segment qui ne peut que se développer avec la disparition progressive de la Politique Agricole Commune.
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