« Être différent profitera au Crédit Agricole »

cite>Crédit Agricolegricole SA et la Fédération nationale travaillent ensemble à l'élaboration d'un nouveau projet de groupe à dix ans. Les deux institutions ont-elles renoué un dialogue interrompu ?Philippe Brassac : Il n'y a pas de frontière entre les deux entités. Nous estimons nécessaire de réaffirmer les responsabilités de chacun : le politique à la Fédération et le professionnel à CA SA. La première se pose la question du « pour quoi faire et au service de qui ? », tandis que le second se focalise sur les métiers et la solidité du groupe. C'est une chance constitutionnelle dont nous devons profiter. Le rôle de la Fédération a été moins perceptible ces dernières années, quand tout allait bien. La question des valeurs et du long terme allait de soi. Après la crise, on observe que les entreprises reviennent à leurs fondamentaux : la stratégie client et l'utilité. Et nous sommes persuadés que cela enclenche un phénomène vertueux. Vous n'avez pas souhaité que le projet de groupe débouche sur des objectifs chiffrés. Pourquoi ?Jean-Marie Sander : Notre projet ne peut pas se résumer à la seule recherche de croissance ou de taille. Une stratégie d'entreprise, ce n'est pas la somme des opportunités. Nous souhaitons d'abord nous interroger collectivement sur notre identité, nos valeurs et notre finalité, pour être fidèles à notre choix de toujours : être différents dans nos métiers et nos organisations sur nos territoires. Cette réponse aux attentes communes des clients crée la rentabilité à long terme.Ne craignez-vous pas que le marché ne trouve pas son compte dans cette histoire ?P. B. : Les marchés financiers ont besoin de connaître l'histoire commerciale des entreprises, leur utilité, leurs comportements. Les consommateurs et la sphère politique aussi. Ce qui influence durablement les marchés, c'est l'appréciation de la qualité des stratégies. Les performances financières ne sont que leur conséquence. L'accélération de l'histoire récente du Crédit Agricolegricole et la financiarisation de l'économie nous ont banalisés. Les banques, ces dernières années, ont oublié de dire ce qu'elles apportaient au client. Nous voulons exprimer notre utilité. Cela devrait créer de l'engouement pour la marque Crédit Agricolegricole, et donc plaire également au marché.J.-M. S. : Face aux attentes des clients, nous devons être aussi bons que les autres mais différents. Et cela n'est pas une question de prix. Le Crédit Agricolegricole a des choses à démontrer dans le service, l'accompagnement, le conseil. Notre but n'est pas d'être comparables.Mais comment revendiquer le mutualisme lorsqu'on est coté ?P. B. : Nous sommes un groupe mutualiste ouvert sur le marché et nous le revendiquons. Il n'y a pas un modèle aventureux d'un côté et un modèle dépassé de l'autre. La conjugaison des deux permet de réfléchir en même temps à court et à long terme. La décentralisation de la responsabilisation peut parfois entraîner des moments d'inertie, mais la diversité permet aussi de créer de formidables opportunités. Ce modèle reste extrêmement performant, rentable et robuste.J.-M. S. : Du point de vue de l'organisation, le passé a montré que l'actionnaire majoritaire (la SAS Rue La Boétie avec 55 % du capital, Ndlr) était là, dans les bons comme dans les mauvais jours. C'est une différence fondamentale avec nos concurrents.Quel est l'intérêt de rester coté si vous avez renoncé aux grandes acquisitions ?P. B. : Ce n'est pas un sujet pour nous. Le groupe est une seule entité à statut coopératif et mutualiste sur ses territoires, et ouvert sur les marchés pour l'exercice de ses métiers. La solution des partenariats (Newedge, Amundi, maintenant CLSA-Citic) est-elle celle à privilégier ?J.-M. S. : Il y a encore peu de temps, certains pensaient que la taille était un élément de survie et que les grandes fusions étaient nécessaires à la consolidation bancaire. La crise a montré que c'était faux. Il faut d'abord se poser la question, pour chaque métier et chaque territoire, de ce qui est faisable et intéressant. à l'avenir, nous aurons plusieurs modèles de développement, notamment les partenariats, qu'ils soient majoritaires ou minoritaires. Par exemple, il existe des métiers banalisés où le prix est déterminant : ce n'est pas forcément le créneau sur lequel nous souhaitons être présents avec notre nom. M. Sander, dans quelques jours vous abandonnerez votre casquette de président de la FNCA puisque vous allez être élu président de Ca sa aujourd'hui. Quel regard portez-vous sur les sept dernières années passées à la Fédération ?J.-M. S. : Le groupe s'est profondément modifié pendant cette période. La Fédération et les Caisses régionales ont renforcé son unité et géré leur propre développement, sans abandonner leurs métiers fondamentaux dans nos régions auprès de l'agriculture, des ménages et des entreprises. Dans les moments difficiles que le groupe a connus, nous n'avons pas eu d'état d'âme. Nous avions décidé ensemble, donc nous avons assumé ensemble.
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