Les universités dans la jungle des regroupements

Les universités ont le vertige. Depuis 2007, la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, les a incitées à fusionner, à se regrouper avec des grandes écoles en pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES), à devenir autonomes (loi LRU de 2007) et à réorganiser leurs campus (Opération campus). Et alors que certains PRES ne sont pas encore créés, est venu se greffer fin 2009 le Grand emprunt et ses « campus d'excellence » (8 milliards d'euros à la clé).Conséquence, « nous sommes aujourd'hui dans une période de questionnement », constate Lionel Collet, président de la conférence des présidents d'universités (CPU) - lire ci-contre. Le mélange des logiques de territoire, d'autonomie et de regroupement, pointé par Jean-Charles Pomerol, président de l'université Paris VI - Pierre-et-Marie-Curie (UPMC), conduit à la confusion générale : des universités fusionnent sans créer de PRES (Strasbourg), d'autres en créent en vue de fusionner (Aix-Marseille)... « Les universités ne savent pas à quelle porte frapper, et dans quel ordre. Le gouvernement change les règles du jeu au fur et à mesure qu'il avance », commente Jean-Louis Missika, adjoint au maire de Paris, chargé de la recherche et des universités. Au début, Valérie Pécresse prenait les PRES comme référence pour les futurs campus d'excellence. Mais beaucoup, dans les universités et les grandes écoles, les jugent inadéquats. Même dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, on estime que ce dispositif, qui se limite parfois à de simples services communs, est « en porte-à-faux ». Un rapport de l'Inspection générale est venu conforter ces vues en mars, pointant le risque de « PRES Potemkine » et préconisant une « phase 2 » dans le cadre du Grand emprunt. Orientations nuancéesDu coup, le gouvernement a depuis nuancé ses orientations : les campus d'excellence ne seront plus forcément des PRES et ont été rebaptisés « initiatives d'excellence » ; les appels d'offres seront lancés progressivement, suivant une « logique d'emboîtement » de briques (équipements d'excellence, puis laboratoires d'excellence, instituts hospitalo-universitaires, sociétés de valorisation et, enfin, initiatives d'excellence) et il n'y aura pas de modèle unique de gouvernance imposé.Mais, en haut lieu, on espère tout de même voir « l'emprunt transformer en profondeur l'organisation des choses » plus que ne pourrait le faire une modification de la loi LRU. Sachant que le schéma prôné par le rapport Aghion (à savoir une gouvernance équilibrée entre un conseil d'administration très ouvert aux membres extérieurs et un conseil scientifique) a les faveurs de l'Élysée. Méfiante, la CPU a adressé le 4 mai un courrier au Premier ministre, demandant que tous les projets du Grand emprunt s'inscrivent « dans une politique globale de site », et que la gouvernance choisie - et non imposée - ne « préjuge pas des configurations et recompositions » en cours ou ultérieures....
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