Emploi  : la fin du massacre

Léger mieux temporaire ou amélioration durable ? Une certitude, sur le front de l'emploi : le premier trimestre 2010 marque une nette rupture par rapport à l'année 2009. Selon les données provisoires dévoilées mardi par l'Insee, seules 9.700 destructions d'emplois ont été enregistrées entre janvier et mars, soit une baisse de 0,1 % par rapport aux trois mois précédents. Un rythme très inférieur à celui de 2009, où le nombre total de postes détruits avait atteint 357.600 dans le secteur marchand, en dépit d'un quatrième trimestre moins médiocre, avec 20.400 suppressions d'emplois.Mais l'essentiel de l'amélioration est à mettre au crédit de l'intérim. Le travail temporaire a, selon l'Insee, créé 33.200 emplois au premier trimestre. Une hausse déjà perceptible depuis le deuxième trimestre 2009, et qui n'a cessé de s'amplifier depuis (voir la courbe ci-contre). En revanche, les autres secteurs sont toujours à la peine. En trois mois, l'industrie a perdu encore 29.100 emplois, soit à peine moins qu'au quatrième trimestre 2009 (- 34.700), et la construction 10.700 postes. Quant aux services, ils n'affichent un solde positif de 30.000 emplois qu'avec l'intégration de l'intérim.Pour les prochains mois, l'inconnue demeure la capacité de l'économie française à créer des emplois. « Je pense que le chiffre du premier trimestre 2010 est révélateur d'une espèce de pause, pas d'un retournement de tendance », souligne Mathieu Plane, économiste à l'OFCE. « Dans les prochains mois, les entreprises seront prudentes. Leur profitabilité, au moins pour les plus petites, s'est très dégradée. Elles vont donc tenter de tirer le maximum de leurs salariés en place », renchérit Alexander Law, chef économiste chez Xerfi.Plusieurs éléments incitent à la prudence. Le redémarrage de l'intérim est, en effet, partiellement lié à des facteurs temporaires « Il y a eu la prime à la casse en France, et dans d'autres pays, qui a porté les exportations. Bon nombre d'entreprises ont eu aussi besoin de reconstituer des stocks. Mais si la croissance économique ne se consolide pas, il n'y a pas de raison que les créations d'emplois se maintiennent », reprend Mathieu Plane.Autre facteur à prendre en compte : le moindre recours au chômage partiel par les entreprises industrielles, qui leur permet d'augmenter leur nombre d'heures de production sans embaucher. Dans le bilan dressé à l'occasion du sommet social du 10 mai, le ministère de l'Emploi avait noté une très nette décélération du nombre de demandes d'autorisation émanant des entreprises depuis le début de 2010. Un signe positif pour l'économie, mais pas forcément pour le marché de l'emploi.
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