Moins de CDI proposés aux intérimaires

Avec la crise, la perspective d'accéder à un emploi stable après une mission d'intérim s'est considérablement réduite. Tel est le principal enseignement d'une étude dévoilée mardi par le Prisme, le syndicat patronal du travail temporaire, qui a suivi, entre mars 2009 et mars 2010, un panel de 1.014 intérimaires.Un an après le début de l'étude, 46 % des personnes étudiées travaillent toujours en intérim et 8 % en CDD, des taux similaires à ceux des enquêtes biennales déjà réalisées par le Prisme entre 2000 et 2008. En revanche, l'accès au CDI s'est nettement effondré. Le taux est, en effet, passé de 22 % en 2008 à 12 % en mars 2010. « C'est le taux le plus bas observé depuis 2002. À l'époque, le taux était de 16 %, puis de 14 % en 2004 et de 16 % en 2006. 2008 a, ensuite, été une année exceptionnelle », précise Cédric Leva, directeur de l'Observatoire des métiers et de l'emploi, qui réalise les études prospectives du Prisme et a piloté l'édition 2010 de ces « regards croisés sur l'intérim » avec l'Institut BVA.Tous les profils d'intérimaires n'ont pas pâti de la même manière de la réduction du nombre d'emplois stables offerts par les employeurs. Principal facteur de différenciation, le niveau de qualification. 26 % des cadres, 18 % des employés ou 15 % des salariés ayant au moins un niveau d'étude équivalent au bac ont bénéficié d'un CDI, contre 10 % pour les ouvriers non qualifiés ou 11 % pour les salariés n'ayant pas poursuivi leur scolarité jusqu'au bac. De même, le taux d'accès à un emploi stable atteint les 21 % dans la tranche d'âge des 30-34 ans, la plus recherchée par les employeurs, contre 11 % dans la génération des 25 à 29 ans.Autre indicateur de la profondeur de la crise, la part croissante de nouveaux profils dans la population d'intérimaires étudiée par le Prisme. « Des étudiants, qui n'ont pas trouvé leur premier job, se sont tournés vers les agences d'emploi pour obtenir une mission d'intérim. Et il y a eu davantage de gens qui travaillaient auparavant en CDD ou en CDI. La crise a impacté ces formes de contrat, ce qui a généré plus d'entrées chez nous », reprend Cédric Leva.Enfin, signe de la dégradation du marché du travail, la part des ex-intérimaires sans emploi à l'issue de l'année d'enquête a fortement progressé. 25 % d'entre eux sont, en effet, chômeurs en mars 2010, contre 14 % en mars 2009. Plus grave, une part croissante d'entre eux - 7 %, contre 4 % un an plus tôt - ne bénéficie d'aucune indemnisation chômage. Et l'étude du Prisme ne reflète qu'imparfaitement la réalité. Elle a été effectuée en mars 2009, après la vague massive de fins des missions d'intérim intervenue surtout aux troisième et quatrième trimestres 2008.Pour éviter que trop d'intérimaires se trouvent dans une situation financière délicate, les partenaires sociaux sont intervenus. Dès le début de 2009, avec une convention d'assurance chômage permettant d'être indemnisé dès quatre mois d'activité, contre six mois auparavant. Et en militant pour que les intérimaires puissent, au même titre que les salariés en CDI, bénéficier d'un accompagnement renforcé lorsque leur contrat est rompu... A. L.
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