Les jeunes diplômés toujours à l'écart de l'amélioration

La crise, on le sait, a été particulièrement cruelle pour les jeunes : leur intégration sur le marché du travail, déjà difficile en France où ils sont contraints d'accumuler les stages avant d'intégrer une entreprise, a été comme stoppée net. Y compris pour les jeunes diplômés, et parmi eux, les diplômés des fameuses grandes écoles. Cette situation laisse des cicatrices durables : selon une étude que vient de publier l'Afij (Association pour faciliter l'insertion professionnelle des jeunes diplômés), 64 % des jeunes diplômés de 2009 n'ont toujours pas d'emploi en 2010, bien qu'ils passent dix-huit heures par semaine à en chercher un. Et parmi le bon tiers de cette promotion qui a un emploi, seulement un sur deux occupe un poste « en adéquation avec son projet professionnel », l'autre moitié reconnaissant que ce qu'ils ont trouvé n'est qu'un « poste d'attente »... Si l'étude ne précise pas le niveau des diplômes acquis, elle confirme que l'obtention d'un diplôme n'est plus la garantie de pouvoir choisir son job, ni même d'en avoir un.130.000 diplômés, 22.000 emplois offertsPlus inquiétant, si l'on observe ces derniers mois un rebond des offres pour les cadres avec quelques années d'expérience, la situation des jeunes diplômés ne s'améliore toujours pas. Les perspectives de l'emploi des cadres en 2010, publiées par l'Apec en mars dernier, affirment même que « les entreprises devraient recruter environ un quart de jeunes diplômés au statut de cadre de moins qu'en 2009 » ! Si la note de conjoncture de l'Apec publiée en avril est moins sombre, elle ne relève toujours pas d'amélioration : « Seules 29 % des entreprises qui recrutent prévoient d'embaucher des jeunes diplômés au deuxième trimestre 2010, soit encore 1 point de moins que sur la même période de 2009 et 8 points de moins qu'en 2008. » Une analyse que confirme le fondateur du site d'offres d'emplois commerciaux Jobmarketingvente.com, Olivier Guichardon : « Tout se passe comme si les entreprises, qui se sont habituées à vivre dans la pénurie pendant la crise, ne voulaient plus embaucher que des cadres directement opérationnels. »Aussi, l'excédent de l'offre de travail qualifié sur la demande en provenance des entreprises atteint-il un niveau particulièrement alarmant en France : « Environ 22.000 recrutements leur seront proposés en 2010, alors qu'ils ne seront pas moins de 130.000 à se retrouver sur le marché, fraîchement diplômés », explique toujours l'Apec. En clair, avec les arriérés des diplômés 2009 non employés, le stock des jeunes diplômés au chômage ne va faire qu'augmenter. C'est à se demander si, en France, cela vaut encore le coup de faire des années d'études, lesquelles ne peuvent que créer des attentes non satisfaites. La démonétisation des diplômes reste une tendance lourde.Valérie Segond
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