Les vendeurs d'euros saisis par le doute

Après sa chute de lundi à un plancher de quatre ans de 1,2235 dollar, l'euro a repris son souffle, refranchissant même momentanément mardi le seuil de 1,24. Non que les acteurs du marché des changes aient été convaincus par les ministres des Finances de la zone euro, qui à l'issue de leur réunion de lundi, ont tenté de minimiser les difficultés. Mais parce que les scénarios catastrophes les plus noirs sur l'avenir de la zone euro sont en train de s'estomper, sous la houlette de quelques grands stratèges, qui estiment que les attaques contre la monnaie unique initiées depuis la montée en puissance de la crise grecque ont été tout à fait excessives. Oubliant la crise, n'a-t-on pas vu proliférer mardi matin dans la presse, y compris anglo-saxonne, des analyses décortiquant les bienfaits pour la zone euro d'une monnaie moins musclée. De fait, hier, l'office européen des statistiques a fait état d'un excédent commercial en nette hausse, à 4,5 milliards d'euros en mars, contre 2,4 milliards en février et 1,6 milliard en mars 2009. La chute du taux de change de l'euro est le principal moteur de cette dynamique. Les vendeurs d'euros et les agitateurs d'apocalypse ont fini par calmer leurs ardeurs à l'approche du cap de 1,20 dollar. Et ceux, encore nombreux la semaine dernière, qui prédisaient une rechute de la monnaie unique à parité avec le billet vert - un niveau que l'on n'a pas revu depuis 2002 - ont mis un bémol à leurs sombres pronostics. Comme par enchantement, les scénarios de redressement de l'euro ont même refait leur apparition. Le plus agressif n'est autre que le chef économiste de Goldman Sachs, Jim O'Neill, qui estime que les prévisions d'implosion de la zone euro à la première alerte sont tout simplement « ridicules ». Et d'expliquer, fort de ses vingt-neuf ans d'expérience du marché des changes, que le consensus est si majoritairement baissier sur l'euro que l'on n'a jamais été aussi proche d'un retournement de tendance. Larry Kantor, le responsable de la recherche économique de Barclays, est sur la même longueur d'onde. « Les marchés ne peuvent pas casser une union monétaire. Cela relève du pouvoir politique, lequel a réagi massivement à la crise », explique-t-il. Et d'indiquer que la valeur d'équilibre de l'euro se situe entre 1,10 et 1,20 dollar, sans pour autant prédire qu'il dérive dans cette fourchette. Pour les économistes d'Aurel BGC, Jean-Louis Mourier et Christian Parisot, après une vague de défiance, un rebond technique de l'euro viendra corriger les plus récents excès. Il devrait être suivi d'une phase d'appréciation plus ordonnée de celui-ci ces prochains mois avec la dissipation progressive de la crise. n Infographie2 col x 63 mm
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