Air France, les coulisses du plan de départs volontaires

Les discussions battent leur plein à Air France entre la direction et les syndicats. Elles vont se multiplier jusqu’au jeudi 21 juin, date à laquelle le PDG de la compagnie aérienne, Alexandre de Juniac, dévoilera en comité central d’entreprise (CEE) les mesures décidées pour augmenter la productivité et la flexibilité du personnel et censées améliorer l’efficacité économique de l’entreprise de 20 %. Il dévoilera aussi et surtout le sureffectif qu’elles engendreront et les moyens pour le résorber. Hors filiales, Air France compte 53.000 salariés. Suivra ensuite une grosse semaine de négociations pour tenter d\'aboutir à un accord avec les syndicats avant le 30 juin.Pas de licenciements secsRefusant de recourir aux licenciements secs, la direction annoncera un plan de départs volontaires. Il se situera entre 2.500 et 3.000 personnes, probablement autour de 2.700 personnes. Un chiffre auquel il faudra ajouter les estimations de départs naturels et non remplacés pour atteindre le niveau d’effectifs souhaité par la direction d’ici à 2015. Si l’on en croit certains syndicats, les départs naturels combinés au plan de départs volontaires, entraîneraient 5.000 suppressions de postes d’ici à 2015. Un chiffre, en fait, arrondi. Sauf revirement dans la dernière ligne droite, le plan de départs volontaires ne devrait concerner que les personnels au sol, comme cela avait été déjà le cas en 2009, lors du précédent plan. Mais cette fois, les mécaniciens devraient en faire partie.Beaucoup de départs naturels chez les hôtesses et stewardsPour les navigants, que ce soit les pilotes (PNT pour personnel navigant technique au nombre de 4.200) ou les hôtesses et stewards (personnels navigants commerciaux ou PNC, 15.000 aujourd’hui), la direction compte sur d’autres moyens pour régler le sureffectif. Notamment le non-remplacement des départs naturels pour le personnel de cabine. Au regard de la pyramide des âges des PNC, plus de 1.000 départs naturels sont en effet espérés d’ici à la fin 2015. Les discussions entre direction et syndicats portent notamment sur les réductions d’équipages dans les avions (jugées par les syndicats contradictoires avec l’objectif de qualité affichée par la direction) et sur l’augmentation de 50, voire 60 heures de vols dans l’année. Soit l’équivalent d’un mois supplémentaire d’activité dans l’année. Le problème semble plus compliqué sur le court et le moyen-courrier et la question du sureffectif pourrait trouver sa solution dans la mobilité entre moyen et long-courrier. En outre, la hausse des capacités de la filiale mi-charter-mi low-cost Transavia permettra également de servir de débouchés à certains PNC d’Air FranceLes pilotes déjà en sureffectifLes PNT dont le sureffectif, aujourd’hui estimé à 200 environ, s’élèverait à environ 600 une fois les mesures de gain de productivité adoptées. Ils ne devraient pas, non plus, être concernés par le plan de départ volontaires. En raison de leur rémunération élevée, la direction estime que le prix à payer serait trop élevé. La gestion du sureffectif pilotes n’est d’ailleurs pas aussi coûteuse que la hauteur de leur rémunération pourrait le laisser penser. Ils sont pour l’essentiel payés à l’heure de vol, en complément d’un fixe qui représente grosso modo le tiers de leurs salaires. En cas de sureffectif, l’entreprise gagne deux tiers de leur rémunération.Aussi, les discussions portent-elles sur des mesures de temps alterné, de temps partiel, de chômage partiel, ainsi que sur la possibilité de trouver quelques volontaires pour aller travailler dans des compagnies étrangères (une réunion avec une compagnie chinoise a lieu ce lundi sur ce sujet), et espérer, sans trop y croire, que la loi sur les départs à 65 ans soit remise en cause pour ramener l’âge de départ à la retraite à 60 ans. Au final, rester à un niveau de sureffectif des pilotes de 200 personnes environ est jugé concevable. Vouloir au contraire traiter 100 % du sureffectif pilotes pourrait être problématique en cas de reprise d’activité, en raison du coût élevé des qualifications des pilotes. Pour autant, certains estiment qu’au nom de l’équité, inclure quelques pilotes dans le plan de départs volontaires serait préférable. Une prime au départ améliorée pour les plus de 60 ans n’est pas exclue.Que se passera t-il si le nombre de volontaires est insuffisant ? Faudra t-il recourir à des licenciements secs ? Sur ce sujet, Air France devrait botter en touche jeudi. Histoire d’éviter de jeter de l’huile sur le feu et compromettre la signature des nouveaux accords collectifs, censés générer les fameux 20 % d’efficacité économiqueRéférendum des pilotesLa direction parviendra t-elle à signer les accords d’ici à fin juin comme elle l’a annoncée ? C’est la grande inconnue. Le puissant syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) entend d’ores et déjà soumettre un projet d’accord aux pilotes par référendum. Sachant qu’il faut environ un mois pour l’organiser, la direction espère au mieux signer une proposition de signature d’ici au 30 juin. Pour certains observateurs, il ne pourra y avoir qu’une signature sur certains points partagés par la direction et le SNPL, en remettant à plus tard les mesures les plus difficiles à mettre en œuvre. Côté PNC, c’est encore très flou en raison de la division des organisations syndicales.
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