Le Japon met ses gros salaires à l'index

Que les gros salaires lèvent le doigt : c'est le titre du film auquel l'Agence des Services Financiers japonaise, autorité de tutelle financière, a soumis le patronat nippon. Il y a quelques semaines est entrée en vigueur une loi qui oblige les dirigeants d'entreprise dont les revenus excèdent 100 millions de yens (888.000 euros) par an à révéler leur salaire. Premier montré du doigt : Howard Stringer. Le pd-g de Sony a indiqué vendredi avoir reçu 450 millions de yens (4 millions d'euros) de salaire pour l'exercice 2009, augmenté de stock-options d'une valeur de 415 millions (3,7 millions d'euros). Le Japon entre dans la saison des assemblées générales d'actionnaires (celle de Sony a eu lieu vendredi), et ces dernières seront l'occasion de se conformer à cette nouvelle exigence de transparence. Effort de constructionAinsi Carlos Ghosn devrait-t-il révéler son salaire le 23 juin, lors de l'assemblée des actionnaires de Nissan. La rémunération n'est pas une vache sacrée au Japon. Il n'est pas rare de voir un grand patron amputer publiquement sa feuille de paye lorsque son entreprise est en difficulté, pour montrer qu'il participe à l'effort de reconstruction. Un des plus célèbres patrons du pays, Uichiro Niwa, avait refusé tout salaire entre 1999 et 2001 pendant qu'il redressait Itochu, une des plus importantes maisons de négoce japonaise. Il n'a reçu de rémunération qu'une fois le groupe sorti du rouge. Plus qu'ailleurs, cette « classe moyenne de 100 millions d'individus » qu'est le Japon s'inquiète aujourd'hui de l'écart grandissant entre riches et pauvres, et cette nouvelle loi en est un symptôme. Etrangers mieux traitésDans les grandes entreprises internationales, un des problèmes pour attirer des cadres du monde entier est pourtant la faiblesse des salaires. « J'ai travaillé à Tokyo pendant 10 ans pour une grande marque de sport européenne. Quand un de ses concurrents a voulu me débaucher, il m'a proposé un salaire ridicule. Le Japon ne change pas sur ce point », raconte un patron européen expatrié. Cette loi devrait donc frapper les esprits en révélant les écarts de revenus entre dirigeants étrangers et dirigeants japonais au Japon. La ligne de partage entre, par exemple, Howard Stringer et les présidents japonais des concurrents de Sony, court aussi en interne dans les entreprises. Les ex-employés étrangers de Lehman Brothers recrutés par la banque d'affaires Nomura reçoivent des salaires nettement supérieurs à ceux de leurs collègues Japonais. Ce qui pose d'énormes problèmes de gestion de personnel.
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