La recapitalisation des banques ne suffira pas à sortir l'Espagne de la crise

L\'Espagne a besoin de ses banques pour réactiver sa croissance. Alors que le pays subit actuellement sa deuxième récession en trois ans, il doit pouvoir compter sur son système financier et sa capacité à irriguer l\'économie. C\'est dans ce but que les banques sont en voie d\'être recapitalisées. Restaurer la confiance et faire redémarrer le créditAfin de pallier la pénurie de crédit qui assèche l\'économie, les Gouvernements successifs ont mis en place une série de réformes. L\'idée était qu\'en restaurant la confiance dans les banques, le financement de ces dernières serait facilité, et elles pourraient de nouveau financer l\'économie espagnole.L\'effort est considérable : entre 2007 et 2012, les banques auront réalisé un assainissement de plus de 200 milliards d\'euros, soit 20% du PIB, et une augmentation des exigences de capital de 11 milliards d\'euros, rappelait mardi 17 juillet le Gouverneur de la Banque d\'Espagne, Luis María Linde. La dernière phase de ce vaste chantier a été menée par l\'Union Européenne (UE), en contrepartie des 100 milliards d\'euros potentiels d\'aide à la recapitalisation des banques. En contrepartie, le secteur devra atteindre un taux de fonds propres de 9%, entre autres garanties de solvabilité. Mais cette restructuration sous conditions comporte le risque de resserrer le crédit dans un premier temps. Elle est néanmoins considérée comme nécessaire pour restaurer la confiance.Combiner recapitalisation et désendettementQuoique bienvenues, la recapitalisation des banques et leur restructuration ne seront toutefois pas suffisantes pour réactiver l\'économie. Le processus de désendettement du secteur privé, initié avec la crise, constitue en effet un frein à la relance du crédit : dans le secteur financier, on rappelle souvent que la sécheresse du crédit n\'est pas qu\'une question d\'offre mais aussi de demande. Cet assainissement est toutefois nécessaire, au regard de la trajectoire suivie par la dette privée brute, passée de 107% du PIB en 2000 à 201% du PIB fin 2011. Les banques ont du reste été le principal instrument de l\'explosion de l\'endettement privé pendant les années de boom économique et en payent aujourd\'hui les conséquences, via la détérioration de leurs bilans. Parallèlement, le Gouvernement espagnol a entrepris de ramener son déficit public de 9% en 2011 à 2,8% en 2014, et a présenté la semaine dernière un plan de rigueur de 65 milliards d\'euros d\'ici fin 2014. Entre hausse de la TVA, baisse des prestations chômage et des salaires des fonctionnaires, la réactivation de la demande interne devrait encore être retardée. Isoler les actifs toxiques Dans un récent rapport, Coface souligne que l\'une des solutions à ce casse-tête est la ségrégation des actifs toxiques des bilans des banques, réclamée par l\'UE, et confirmée par la Banque d\'Espagne mardi : « Le cantonnement dans une structure de défaisance des actifs déficients accumulés par les banques est inévitable et revient de facto à restructurer et effacer une partie de la dette privée. [...] cette solution a le mérite de laisser espérer un peu de croissance. Restructurer [...] une dette privée [...] permet d\'alléger la contrainte du désendettement et de briser la spirale des contractions de la demande qui entraîne l\'économie dans un régime déflationniste désastreux ».  
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