ON RETOMBE EN ENFANCE GRÂCE À LA VACHE QUI RIT

À 89 ans, elle n'a toujours pas perdu le sourire. Fer de lance de l'empire Bel (Babybel, Kiri, Boursin...) présent dans plus de 120 pays, La Vache qui rit est une véritable institution française. Depuis 2009, elle a même son propre musée situé à Lons-le-Saunier, à mi-chemin entre Lyon et Dijon, la ville où Léon Bel établit la première « fromagerie Bel ». Dans ce musée d'entreprise, un étage entier est consacré à la saga Vache qui rit. Gadgets, affiches, packagings expérimentaux et objets promotionnels de toutes sortes... Le parcours vient rappeler à quel point la marque a su, au fil des décennies, renouveler son public grâce à une machine marketing aux rouages extrêmement bien huilés.Mais ces jours-ci, le rez-de-chaussée du musée est occupé par de tout autres objets. Des oeuvres de onze très jeunes artistes dont le plus connu est sans doute le Français Bertrand Lavier. À l'initiative de cette exposition?: le Lab'Bel, une fondation sous forme de « laboratoire artistique » qui veut soutenir l'art contemporain dans sa production et sa diffusion.Vache qui rit oblige, le thème de l'exposition « Rewind » est celui du retour à l'enfance. Pour découvrir l'accrochage, le visiteur pénètre dans un labyrinthe formé de grosses briques de carton blanc type Lego. Et c'est justement sur des photographies de maisons montées à l'aide du célèbre jeu de construction que l'on se retrouve rapidement nez à nez. Pour ce projet, l'artiste autrichien Robert Hammerstiel a demandé à des enfants de sept ans de décrire l'habitation de leurs rêves. Le contraste entre les imaginaires détonne. Quand l'un invente un pavillon reposant très BCBG, un autre construit une forteresse avec prison et marteau géant « qui écrase tout le monde et qui les tue ». Rappelant, s'il en était besoin, que l'enfance n'est pas la même pour tous.Plus loin, l'Italienne Moira Ricci expose des photos de jeunesse de sa mère disparue. Clichés pour le moins dérangeants puisque l'artiste s'y invite - par incrustation numérique - comme un fantôme qui visiterait un passé qui lui est forcément inconnu.Que ce soit avec l'ours en peluche de Bertrand Lavier transformé en ready-made, la vidéo ludique de John Wood et Paul Harrison qui voit défiler une ribambelle de jouets et figurines ou le montage de Xavier Gaultier qui mêle films de famille en super 8 et extraits de longs-métrages célèbres, ces regards sur l'enfance sont toujours troublants. Peut-être parce que, malgré toute tentative de le recréer, ce temps l'innocence est fatalement perdu à jamais. Olivier Le Floc'h
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