Bataille des supercalculateurs : un défi de taille pour la France

La Chine est partout... même dans le calcul informatique de haute performance. L'ordinateur Nebulae, construit par Dawning pour le Centre de calcul intensif de Shenzhen, s'est hissé en juin à la deuxième place du Top 500, le classement mondial des supercalculateurs les plus véloces. Avec le Roadrunner d'IBM et le Jaguar de Cray, c'est le seul ordinateur au monde à pouvoir exécuter un million de milliards d'opérations par seconde (soit un pétaflop). Ces machines ultrapuissantes, qui disposent de milliers de processeurs connectés en parallèle, réalisent en un jour une tâche qu'un PC de bureau mettrait 150 ans à accomplir?!Applications industriellesLongtemps cantonnée dans la sphère militaire, la simulation numérique de phénomènes complexes est utilisée dans l'industrie (étude du comportement d'une carlingue d'avion) et la recherche (modélisation du climat ou des océans). La rapidité de calcul informatique est devenue un enjeu majeur de compétitivité pour les États et les entreprises expliquent les auteurs d'une étude très documentée du Centre d'analyse stratégique, organisme rattaché à Matignon. Sans surprise, les États-Unis dominent ce marché stratégique?: les constructeurs Cray et IBM fournissent 95 % des supercalculateurs dans le monde. « Avec une vision stratégique à long terme, le gouvernement américain consacre pour la R&D en calcul haute performance environ 1,3 milliards de dollars par an », note l'étude. La Chine s'est lancée dans la bataille avec un objectif clair?: maîtriser l'ensemble de la chaîne technologique depuis le processeur jusqu'à l'intégration des systèmes. À la différence des supercalculateurs européens qui dépendent complètement des fabricants de processeurs américains comme Intel, Pékin conçoit ses propres processeurs. Le pays dispose aujourd'hui d'une dizaine de supercalculateurs opérationnels.La France a consacré d'importants efforts depuis 2007 pour revenir dans la course mondiale. De grands groupes, comme Total, EDF ou la Société Généralecute; Générale, possèdent leurs propres supercalculateurs figurant dans le Top 500. Intensifier le financementPour pallier la fin des essais nucléaires, le CEA a investi massivement dans la simulation numérique afin d'améliorer les armements. Il vient de s'équiper d'une machine conçue par Bull, le seul constructeur européen encore présent sur ce créneau, le Tera 100, disposant d'une puissance potentielle de 1,25 pétaflop. Le CEA et le CNRS participent tout deux au Genci (Grand équipement national de calcul intensif) chargé notamment d'assurer la coordination des principaux équipements nationaux sous l'égide du ministère de la Recherche. « La puissance totale de calcul offerte aux scientifiques français a été multipliée par 30 depuis la création du Genci en 2007 », notent les auteurs de l'étude. Le Centre d'analyse stratégique préconise d'intensifier l'effort de financement pour préparer les générations futures de supercalculateurs, en « favorisant l'émergence d'une infrastructure de recherche européenne comparable à ce qui existe aux États-Unis où des équipes peuvent s'investir sur des projets à long terme ». C'est l'objectif du projet européen Prace (partnership for advanced computing in Europe), lancé en 2008, qui est doté d'un financement annuel de 25 millions d'euros entre 2010 et 1015. Autre urgence, créer des formations universitaires spécialisées pour la maintenance et la programmation logicielle de ces bêtes de course.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.