Air France : un nouveau coup de rabot pour enfin sortir du rouge

La direction a levé le voile sur les mesures complémentaires pour atteindre les objectifs du plan de restructuration Transform 2015, lequel fixe pour l\'ensemble du groupe Air France-KLM une réduction de la dette de deux milliards d\'euros d\'ici à 2015 par rapport à 2012 grâce à une génération de cash flow de deux milliards d\'euros (hors investissements).Lors d\'un comité central d\'entreprise (CCE), Air France a présenté les grandes lignes de ses nouvelles mesures stratégiques (baisse des coûts d\'escale, réduction de capacité sur le moyen-courrier et le cargo, développement dans le low-cost). \"Ces mesures complémentaires constituent la dernière étape du plan Transform 2015. C\'est le complément final, il n\'y aura pas de Transform 3\", a assuré Alexandre de Juniac, le PDG d\'Air France-KLM lors d\'un point presse.Les effectifs fondentCes mesures vont entrainer un sureffectif. Il sera résorbé à travers un plan de départs volontaires (PDV) en 2014 portant sur 2.800 personnes, ouvert à toutes les catégories de personnel (350 pilotes, 700 hôtesses et stewards et 1.700 à 1.800 personnels au sol selon le délégué CFDT, Michel Salomon). Ce PDV s\'ajoute à celui lancé l\'an dernier, lequel concerne près de 3.500 personnes (2800 au sol, 500 PNC -il n\'est pas achevé- et 200 pilotes-). En deux ans, entre juin 2011 et juin 2013, les effectifs d\'Air France ont déjà fondu de 5.600 postes, passant de 106.300 salariés à 100.700, intérimaires compris.Le coût des deux PDV s\'élèvera à près de 450 millions d\'euros. \"Ce plan de départs n\'est pas une fin en soi car il découle d\'une stratégie et d\'un développement de certaines technologies\", a indiqué Frédéric Gagey, le PDG d\'Air France lors d\'un point presse. Il concerne les points noirs de la compagnie : le moyen-courrier et le cargo.Optimisation du hub de RoissyLa compagnie agit à plusieurs niveaux. Sur son hub de Roissy-Charles-de-Gaulle, elle veut optimiser son système de correspondances pour réduire ses coûts. « Le hub n\'est pas exploité au maximum de ses possibilités. Quand on recense le nombre de possibilités de correspondances et celui des passagers en correspondances, nous constatons que la performance d\'Air France est significativement en deçà par rapport à d\'autres compagnies ». Les capacités sur les vols d\'apport moyen-courriers seront réduites pendant que celles sur le long-courrier seront augmentées. En clair, il y aura moins de lignes moyen-courriers, lourdement déficitaires. Cela va donc passer par un ajustement du programme.Air France réduit la voilure à Orly, Transavia se développeA Orly, Air France va réduire son offre sur le réseau domestique (le quart des lignes vers l\'Europe seront fermées) et développer celle de sa filiale à bas coûts Transavia vers des destinations européennes. Composée de 11 B737 en location, la flotte de Transavia doit passer à une « trentaine » au cours des prochaines années. Il faudra au préalable négocier un accord avec les pilotes. L\'actuel limitait Transavia à 16 avions.Enfin, sur les trois bases de province de Marseille, Toulouse et Nice, la capacité sera réduite. L\'objectif est de jouer sur la saisonnalité en disposant de moins d\'avions l\'hiver que l\'été. Restructuration des escalesFrédéric Gagey a décidé de s\'attaquer aux coûts des escales, dont certaines sont \"décalées du marché\". Grâce au PDV, à de nouvelles méthodes de travail, et à un recours accru à la sous-traitance, Air France « veut ramener le coût des escales à des niveaux proches » de celui de certaines sociétés d\'assistance au sol. Toutes les escales ne sont pas logées à la même enseigne. Certaines se sont déjà adaptées. Les objectifs escale par escale seront précisées lors du CCE du 4 octobre. La \"quasi\" fin du tout cargoConcernant le cargo, la direction entend réduire la flotte tout cargo à la portion congrue (deux avions seulement d\'ici 3 ou 4 ans) pour se concentrer sur le remplissage des soutes des avions passagers. La gare de fret d\'Orly devrait être fermée. KLM est également concernée par la baisse de l\'activité tout cargo.« Comme nous allons sortir nos B747-400 passagers d\'ici à la fin 2015, il aurait été illogique de conserver nos 747 cargo. Nous les sortirons également de la flotte. Il nous restera donc deux B777 », a expliqué Frédéric Gagey.Retour aux bénéfices en 2014Ces nouvelles mesures devraient générer 400 à 450 millions d\'euros d\'économies supplémentaires. Elles doivent permette à Air France de viser un retour aux bénéfices en 2014, après six années de pertes d\'exploitation consécutives et plus de deux milliards d\'euros de pertes cumulées ! Ceci même si le court et le moyen-courrier ne devrait pas atteindre l\'équilibre l\'an prochain. Au premier semestre de l\'exercice 2013, les efforts du personnel (recul de 150 millions d\'euros de la masse salariale notamment) ont commencé à porter leurs fruits. « Les résultats d\'Air France se sont améliorés de 100 millions d\'euros », a indiqué Frédéric Gagey.\"Prudence\" des pilotesEt après ? Ce plan sera-t-il suffisant ? 30 avions pour Transavia, est-ce suffisant par rapport à IAG (British Airways et Iberia) qui dispose non seulement d\'Iberia Express (40 avions en 2016) et d\'une filiale low-cost, Vueling (70 appareils) et de Lufthansa qui transfère toute son activité court courrier à sa filiale à bas coûts Germanwings (hors lignes vers Francfort et Munich) ? Les pilotes se montrent en tout cas réservés.\"Nous restons prudents dans l\'attente des annonces complémentaires du 4 octobre. Nous seront d\'autant plus attentifs à la mise en oeuvre de ce virage stratégique que nos concurrents directs, Lufthansa et IAG, investissent massivement dans Germanwings et Vueling. L\'ambition de ces montées en puissance étant de conquérir le marché moyen-courrier point à point low cost européen\", a déclaré le SNPL.Pour son président, Jean-Louis Barber, \"Air France se doit désormais, non pas d\'axer sa stratégie sur une suite de réductions d\'activités, mais de rattraper son retard dans la construction de sa riposte sur le court/moyen-courrier, sans lequel l\'avenir de la compagnie toute entière est mis en danger\".\"Des grands plans de transfert vers le low-cost j\'en ai beaucoup entendu parler mais je n\'en ai pas vu beaucoup. Il faut être pragmatique et remettre le point-à-point sur les rails. Après on verra, explique un proche d\'Alexandre de Juniac.Baisse du titre en Bourse La question du rythme de la restructuration est posée « Y aller trop fort et trop vite c\'est prendre le risque de mouvements sociaux qui plomberaient en peu de temps les économies initialement escomptées », explique un syndicaliste. A l\'inverse, la méthode progressive fait prendre le risque de se laisser distancer par Lufthansa set IAG (British Airways et Iberia), qui, disposant déjà un avantage en termes de compétitivité et de flexibilité, ne restent pas les bras croisés et réduisent fortement leurs coûts.  A la Bourse de Paris, le titre Air France-KLM a perdu 2,37% ce mercredi.
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