Un prix qui convient aux consommateurs et aux producteurs

Pour l'heure, la remontée des cours du brut ne semble pas émouvoir le monde économique et financier. Certains y voient même la confirmation d'une amorce de reprise économique, même si l'évolution de la parité euro-dollar et le retour des fonds spéculatifs alimentent l'essentiel de la récente hausse. Le prix du brut n'effraie plus, comme si les économies, notamment celles de l'OCDE, pouvaient désormais s'accommoder d'un pétrole cher. Et encore, à 80 dollars le baril, le pétrole coûte toujours 20 % de moins qu'en 1980 en dollar constant.Chacun se souvient que la multiplication par 5 des prix du brut entre 2002 et 2008 n'a guère ralenti la croissance mondiale. La timide reprise conjoncturelle est davantage menacée par le niveau élevé du chômage (et donc la faiblesse de la consommation), l'extrême volatilité des changes et l'endettement massif des États. De fait, la zone euro reste immunisée par la force de sa monnaie par rapport au dollar, qui allège de facto de 40 % sa facture pétrolière en dollars, et par une lourde fiscalité qui amortit les fluctuations des cours. Une étude de l'OCDE de 2008 a ainsi montré que la hausse des cours entre 2004 et 2006 a eu un impact récessif cumulé de 1 à 2 points de croissance. Les Américains, qui payent leur essence en dollars, sont plus durement frappés en raison de la faiblesse des taxes. Toutefois, l'envolée de l'or noir a eu davantage d'impact sur les comportements des consommateurs que sur le tissu économique. Enfin, les économies asiatiques restent toujours protégées par des subventions massives, même si ce rempart commence à se lézarder.Finalement, ce sont les pays en développement non producteurs qui sont les plus exposés. Pour certains pays producteurs, comme l'Iran et la Russie, cette remontée des cours constitue une véritable aubaine. Selon le FMI, l'Iran équilibre en effet son budget avec un baril à 95 dollars. La Russie, qui compte avant tout sur ses exportations de pétrole et de gaz, devrait profiter de sa politique de maintien de ses investissements dans le secteur de l'énergie pour dégager les recettes et assurer sa politique de relance de la consommation intérieure, nouvelle priorité du gouvernement. Quant à la Chine, le FMI vient de réviser sa prévision de croissance à 8,5 % en 2009, confirmant ainsi son rôle de moteur de l'économie mondiale. Plus globalement, un retour du baril dans la zone des 80-100 dollars permettra surtout de stimuler les investissements pétroliers et de maintenir les efforts en matière d'efficacité énergétique. Une bonne nouvelle à quelques semaines du sommet de Copenhague. E. B.
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