Les autorités de la concurrence font plier Rio Tinto et BHP Billiton

Les sidérurgistes vont pouvoir respirer. Devant l'opposition de multiples autorités de la concurrence dans le monde, les deux géants miniers Rio Tinto et BHP Billiton ont renoncé à rapprocher leurs opérations dans le minerai de fer en Australie au sein d'une coentreprise valorisée à 116 milliards de dollars (83 milliards d'euros). Dans son communiqué, Rio Tinto a recensé une impressionnante liste d'autorités hostiles à l'opération. « Les deux parties ont été prévenues que la proposition ne serait pas approuvée dans sa forme actuelle par la Commission européenne, australienne, japonaise, coréenne et allemande », souligne le groupe. L'association de l'acier européenne, Eurofer, a rapidement salué « une victoire pour la concurrence sur les marchés internationaux des matières premières ».L'annulation de l'opération était devenue inéluctable au fur et à mesure que les régulateurs officialisaient leurs objections à ce projet, inquiets des conséquences sur un marché déjà très concentré et vital pour les sidérurgistes, utilisateurs quasi exclusifs du minerai de fer. Il y a deux semaines, Rio avait ainsi souligné ne pas avoir pris de « décision définitive » sur le sujet, alors que des rumeurs lui prêtaient l'intention de renoncer.Le contexte a changéLe marché est en effet déjà largement consolidé. Les trois groupes miniers Vale, Rio Tinto et BHP Billiton, numéro 1, 2 et 3 respectifs, en contrôlent près des trois quarts. Cette année, ils ont montré leur puissance en imposant aux sidérurgistes des négociations trimestrielles basées sur les prix spot du minerai. Malgré leurs critiques sur la volatilité - se traduisant à l'heure actuelle par des hausses de prix - que ce changement entraînerait, ceux-ci n'ont pas réussi à conserver le système de négociations annuelles en vigueur depuis des décennies.Mais le contexte a également changé depuis l'annonce de l'opération, en juin dernier, quelques mois après le retrait de l'offre hostile de BHP sur Rio. Pour Rio Tinto, qui tire un gros quart de son chiffre d'affaires et la moitié de son excédent brut d'exploitation du minerai de fer, l'attrait de l'opération avait diminué. Mi-2009, le groupe étouffait sous le poids d'une dette de 39 milliards de dollars, héritée du rachat du canadien Alcan. Les 5,8 milliards de dollars que devait lui apporter BHP dans le cadre de la création de cette coentreprise lui aurait donné un peu d'air. Mais Rio a depuis réussi à retrouver de l'aisance, avec une augmentation de capital de 15 milliards de dollars, en cédant certains actifs et en réduisant ses coûts.BHP Billiton est, quant à lui, engagé dans son offre à 40 milliards sur le producteur de potasse canadien Potash. Olivier Hensge
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