Le nouvel opérateur en six questions

Free a l'obligation de lancer le service au plus tard deux ans après l'autorisation d'utilisation des fréquences, qu'il recevra officiellement mi-janvier, soit en janvier 2012. Il pourrait toutefois négocier un accord d'opérateur mobile virtuel (MVNO) avec l'un des opérateurs en place pour lancer Free Mobile plus tôt. « La priorité est de déployer le réseau, nous ne serons compétitifs qu'avec de la minute que nous produisons nous-mêmes et non achetées en gros », fait valoir Maxime Lombardini, le directeur général d'Iliad, maison mère de Free. Free Mobile compte lancer « des offres de voix plus attractives » que celles des opérateurs actuels et mettre l'accent sur l'Internet mobile qui sera « inclus dans toutes ses offres », y compris prépayées. Il donnera accès à tous les services du Web sur mobile, y compris la téléphonie sur IP (comme Skype), ce que Bouygues Telecom a annoncé pour l'an prochain. Free cible le grand public, et non les entreprises, avec « des offres d'entrée et de milieu de gamme à tarifs concurrentiels », souligne l'Arcep. En prix d'appel, il commercialisera dès le lancement une offre de plus de 3 heures d'appels vers les fixes et les mobiles en métropole pour moins de 20 euros par mois. Surtout, grande nouveauté sur le marché français du mobile, « à la différence des opérateurs existants, Free Mobile ne prévoit pas de subventionner les terminaux », explique l'Arcep. Le tarif des offres ne comprendra que les services. Il vendra des appareils « à prix coûtant » dont le paiement pourra être étalé sur plusieurs mois (potentiellement 5 à 10 euros par mois). « Cette politique a le mérite d'être claire et transparente pour l'utilisateur. Le tarif des offres actuelles ne diminue pas au-delà de la période d'engagement initial, alors que le téléphone est intégralement pay頻, observe le régulateur, qui juge « simples, lisibles et homogènes » les offres présentées par Free. Pour le mobile, Free ne se contentera pas de la vente sur Internet comme il le fait pour l'ADSL mais envisage une distribution « multicanal. » Il sera possible de s'abonner en ligne mais aussi chez « de grandes enseignes de la distribution concurrentielle », notamment The Phone House, qui est intéressé. Et « compte tenu de l'importance du terminal pour l'utilisateur », Free Mobile prévoit l'ouverture de 420 boutiques, détenues en propre ou franchisées, entre 2011 et 2015, qui devraient peser pour plus de 50 % des souscriptions de nouveaux abonnés et qui commercialiseront aussi les offres ADSL et fibre optique de Free. Free est « conscient de la préoccupation des pouvoirs publics de faire travailler des équipementiers européens ». Rien n'est arrêté, mais l'Arcep assure que Free Mobile a préparé sa candidature « tout particulièrement avec un équipementier majeur du marché français ». Il s'agit « vraisemblablement d'Alcatel-Lucent », souffle un industriel. Free ne voulait pas être considéré comme le « cheval de Troie » des Asiatiques. SFR et Bouygues Telecom, qui n'hésitaient pas à pointer du doigt les dangers industriels liés à l'arrivée de Free, ont récemment signé des contrats avec le chinois Huawei. « L'objectif numéro un est de tenir l'engagement de couverture (de 27 % de la population) dans deux ans ou même de le dépasser », assure Maxime Lombardini, le directeur général d'Iliad. Atteindre ce seuil est crucial. À partir de 25 % de couverture, le groupe pourra en effet trouver un accord avec un opérateur en place pour acheminer les appels sur le reste du territoire. En cas de désaccord, l'Arcep arbitrera. Mais cette disposition, prévue dans l'appel à candidature, concerne seulement la 2G. L'extension au haut débit mobile en 3G de l'accord d'itinérance sur le réseau d'un autre opérateur ne pourra se faire que par une négociation commerciale entre Free Mobile et l'opérateur. Pour économiser ces charges de location de réseau, Free Mobile a donc intérêt à déployer rapidement ses propres équipements. Il se dit en mesure de couvrir 70 % de la population en 3G en 2015. Free Mobile deviendra bénéficiaire et s'autofinancera fin 2014, trois ans après le lancement du service. D'ici à cette date, entre la licence, le déploiement du réseau et les pertes d'exploitation, Iliad devra mobiliser plus de 1,5 milliard d'euros. Le groupe assure que ces dépenses sont couvertes. Via la trésorerie actuelle : plus de 600 millions d'euros et les lignes de crédits existantes ou à venir. Cinq banques ont fourni des lettres de soutien explicite chiffrées. Si « le besoin d'investissement devait évoluer fortement », Iliad n'exclut pas une augmentation de capital. Xavier Niel, premier actionnaire d'Iliad avec 65 % du capital, s'est engagé par écrit « à un apport personnel en cas de nécessit頻. Mais le montant n'est pas dévoilé. n
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