Free joue gros

L'affaire était jouée d'avance. Mais elle n'est pas gagnée pour autant. L'annonce par le gendarme des télécoms du choix de Free pour la quatrième licence de téléphonie mobile 3G en France est tout sauf une surprise, puisque le groupe dirigé et contrôlé par Xavier Niel était le seul à avoir déposé un dossier de candidature. Mais jusque dans les jours qui ont précédé l'acte de candidature, d'autres groupes télécoms intéressés comme Numericable ou Virgin Mobile laissaient encore planer le doute sur leurs intentions. Cette incertitude a tiré Free vers le haut. Si la probabilité de candidatures concurrentes n'avait pas existé, son projet n'aurait pas été aussi ambitieux en termes d'engagements. Décidément, la concurrence a du bon dans les télécoms? La note technique de l'élève pour son dossier, équivalente à 15,28 sur 20, le range d'emblée parmi les bons éléments de la classe. On pouvait craindre une offre au rabais. Ce n'est pas le cas. La tragi-comédie à la française de la quatrième licence connaît un heureux épilogue. Ce dossier en souffrance depuis trois ans, qui a erré au gré des hésitations de l'Élysée, de Matignon et de l'opposition massive des trois opérateurs mobiles en place (Orange, SFR et Bouygues Telecom), a donc été mené à son terme par un gendarme des télécoms, l'Arcep, qui s'est parfois senti bien seul. Décidément, les autorités administratives indépendantes ont du bon. Que l'Arcep soit saluée ici. Mais c'est maintenant que tout commence. Et la bataille va passer du tapis vert au marché, des bras de fer entre juristes et lobbyistes à la guerre commerciale pour conquérir des clients. Free réussira-t-il à bousculer le marché du mobile comme il a imposé le rythme à celui de l'ADSL ? Il l'affirme. Prenons-le au mot. Investissements, innovation commerciale et technologique, les dix-huit mois qui nous séparent du lancement de l'offre Free Mobile promettent d'être chargés. Il a réussi à susciter l'attente, il ne faudra pas la décevoir. Xavier Niel est, contrairement au trublion du début des années Internet, désormais pris au sérieux. Et attendu au tournant. Surtout, son succès historique avec la Freebox est venu d'un pari technologique, un boîtier permettant le « triple play », sur un marché qui n'existait alors pas, celui de l'accès Internet haut débit. Free arrive ici sur un marché du mobile où le taux d'équipement des Français atteint 95 %. Ceux qui rêvent de remake en seront pour leur frais. Une stratégie totalement nouvelle est à bâtir. [email protected] Jean-Baptiste Jacqu
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