L'A65, très chère nouvelle autoroute... en mal de fréquentation

Dimanche 16 décembre, l\'A65 a soufflé sa deuxième bougie. Cette nouvelle autoroute de 150 kilomètres, qui relie Langon en Gironde à la deuxième ville d\'Aquitaine, Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques, peine à séduire. Elle est connue en France pour... être la plus chère de tout le pays, avec un trajet à 20,70 euros, soit 13,80 centimes par kilomètre. Selon les chiffres d\'A\'liénor, le concessionnaire, 5 700 véhicules empruntent chaque jour l\'A65. « C\'est 4 à 5 % de véhicules légers en plus et 10 % de camions supplémentaires par rapport à la première année. Les autres autoroutes perdent du trafic », souligne Olivier De Guinaumont, PDG d\'A\'liénor. Peut-être, mais « l\'objectif initial était de 7 660 véhicules/jour », rappelle Philippe Barbedienne, directeur de la Sepanso, Société pour la protection de la nature dans le Sud-Ouest. Cette association écologiste avait dénoncé « l\'inutilité de cette autoroute » et déposé un recours en justice pour l\'empêcher de voir le jour. Sans succès. « Nous avons capté 70 % du trafic de véhicules légers potentiels. En revanche, pour les camions, nous sommes à 50% de nos prévisions », tempère Olivier De Guinaumont. Pour lui, si les objectifs ne sont pas tenus, c\'est avant tout en raison de la crise économique.Plus de 30 millions d\'euros de déficit« Mais, il ne faudrait pas que la crise dure. Si la France entre en récession, on aura un problème », reconnaît-il. Car, l\'investissement pour le concessionnaire est énorme : 1,3 milliard d\'euros, financés à hauteur de 900 millions d\'euros par l\'emprunt. Les opposants à l\'A65 redoutent une faillite du concessionnaire, dont le contrat court sur 60 ans (construction incluse). « Les déficits actuels, 34 millions d\'euros en 2011 et presque autant en 2012 (chiffres confirmés par A\'liénor, ndlr), ne sont pas durables », souffle Philippe Barbedienne. « En cas de faillite, c\'est le contribuable qui paiera. Une clause du contrat prévoit que l\'Etat et les collectivités locales en auront la charge. Selon nos études, l\'addition pourrait aller jusqu\'à 1 milliard d\'euros », avertit-il.« On est loin d\'un tel scénario », assure Olivier De Guinaumont. D\'après ses calculs, l\'A65 devrait être rentable d\'ici une dizaine d\'années et l\'investissement amorti dans environ 40 ans. « N\'oublions pas que ce projet porté à 100% par le privé avait été évalué à 500 millions d\'euros de subventions publiques. Avant, les autoroutes étaient financées en partie grâce à l\'argent public et au contribuable, ce qui explique un coût moins élevé au péage. Avec l\'A65, la collectivité a donc fait une belle économie », précise-t-il.Nouvelle hausse de 3% au 1er février 2013Par ailleurs, pour doper son trafic, A\'lienor mise sur les skieurs de la région, qui gagnent une heure avec cette autoroute pour rejoindre les stations des Pyrénées. Et surtout sur le développement de l\'économie locale. « Il y a de nombreux secteurs importants qui sont source de déplacements sur le trajet de l\'A65, comme l\'aéronautique à Pau, le bois et l\'agroalimentaire dans les Landes, le tourisme », avance-t-il. En attendant, les tarifs de l\'A65 vont augmenter de 3% au 1er février. L\'avenir dira si le modèle économique de ces nouvelles autoroutes est viable. 
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