Le regard d'Hélène Fontanaud  : le talisman de Nicolas Sarkozy mis à mal à

Ministre de l'Intérieur, candidat à la présidence de la République, chef de l'État, Nicolas Sarkozy a fait de la lutte contre l'insécurité l'un des piliers de sa politique, convaincu de l'existence d'une sorte de péché originel de la gauche dans ce domaine : en 2002, Lionel Jospin n'avait-il pas compromis ses chances à la présidentielle en avouant avoir été « naïf » sur ce sujet ? Mais depuis quelques jours, alors que monte la colère en milieu scolaire à la suite d'une série d'agressions graves dans des établissements du second degré, l'effacement du chef de l'État est notable. S'il est difficile de mesurer avec exactitude la hausse des incidents en milieu scolaire, les enseignants doivent être entendus quand ils parlent d'une aggravation du climat, de même que doit être prise en compte la concentration de cette violence dans les établissements les plus difficiles. Et dans ces domaines, le ressenti est aussi important que le réel. Un sondage montrait cette semaine que, pour 90% des Français, la violence à l'école a fortement augmenté ces dix dernières années.« Faute et défaillance » du service publicJeudi, plusieurs milliers d'enseignants, de parents d'élèves, de collégiens et de lycéens des académies de Créteil, Paris et Versailles ont manifesté à Paris pour dénoncer bien sûr les actes de violence mais bien plus généralement un contexte social tendu, sur fond de suppressions de poste et de modification des programmes. « Rendez-nous nos heures, nos postes, nos surveillants », scandaient les manifestants. Les syndicats de l'éducation appellent à une grève nationale le 12 mars. Des dizaines de plaintes de parents d'élèves sont en préparation contre le ministre de l'Éducation, Luc Chatel, pour « faute et défaillance » du service public, en raison du non-remplacement de professeurs absents pendant des périodes pouvant aller jusqu'à un mois.À trois semaines des régionales, et surtout à deux ans de l'élection présidentielle, le malaise des collèges et des lycées est un signal d'alarme pour Nicolas Sarkozy. Pour l'instant, Luc Chatel tente de circonscrire l'incendie en annonçant la tenue d'états généraux sur la sécurité à l'école en avril. Et l'UMP, en campagne pour le scrutin des 14 et 21 mars, a tenté, sans grand succès, de mettre en difficulté la gauche sur ses responsabilités au niveau local. Pour le chef de l'État, à qui l'ancien ministre socialiste de l'Éducation Jack Lang demande de reprendre en main le dossier avec « un plan d'urgence pour l'école », le silence devient dangereux.
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