Le regard politique d'Hélène Fontanaud : Pourquoi les électeurs aiment les gros

C'est une étude très sérieuse de l'université du Missouri. Les électeurs occidentaux accorderaient davantage leur confiance à des hommes politiques en surpoids qu'à ceux ayant une corpulence moyenne. Pour le docteur Elizabeth Miller, « l'apparence physique pourrait jouer un rôle plus important que les sociologues et les candidats ne le pensent ». Elle souligne que, selon les critères d'un Occidental, une personne en surpoids serait « plus fiable, honnête, plus sûre et inspirerait davantage confiance que son homologue mince ». À la demande du docteur Miller, 120 cobayes, volontaires, se sont prononcés sur des photos de personnalités politiques fictives, des clichés en partie retouchés pour lester les candidats de quelques kilogrammes supplémentaires. Selon les résultats obtenus, les hommes politiques dont les photos sont retouchées connaîtraient 10 % de succès de plus que lorsqu'ils sont au naturel. L'effet serait exactement contraire pour les candidates féminines, plus appréciées dans leur sveltesse. Carla supprime le chocolatVoilà de quoi nourrir, c'est le cas de le dire, la réflexion de nos politiques et de leurs spécialistes en communication. Parce qu'il faut bien reconnaître que, depuis quelques années, la tendance est à l'amaigrissement général. À commencer par Nicolas Sarkozy, allégé de 7 kilos depuis son arrivée à l'Elysée, joggeur au visage émacié, mine sombre et costume noir sobre. Les Britanniques appellent cela « l'effet Carla » puisque la première dame de France est soupçonnée d'avoir supprimé fromage et chocolat sur la table du président. À droite, il y a ceux qui suivent la ligne imposée par leur chef, comme Brice Hortefeux, qui a perdu une vingtaine de kilos, ou Xavier Bertrand et Patrick Balkany. François Fillon et Éric Besson surveillent aussi la balance en pratiquant, comme le président, la course à pied.« Il faut le faire manger ce petit »À gauche, le régime est présidentiel. Ou plutôt il est l'un des signes de l'intérêt pour la course élyséenne. Martine Aubry a minci, tout comme son prédécesseur à la tête du PS, François Hollande. Ce qui n'empêche pas ces deux dirigeants socialistes de céder aux délices de la cuisine interne.À Paris, le nutritionniste Jean-Michel Cohen, qui reçoit bon nombre d'hommes politiques dans son cabinet, n'est pas du tout sur la même longueur d'ondes que le docteur Miller : « Le gros qui rassurait, c'est terminé. Le chef en bave pour mincir. Les autres aussi doivent se dominer. » Voire... Souvenons-nous de cette anecdote rapportée par Alain Juppé : « Quel que soit l'endroit où je me déplaçais avec Chirac, il prenait toujours soin de faire faire un stock de gros sandwichs corréziens, confectionnés avec du pain de campagne farci de cochonnailles en tout genre. Il insistait généralement pour que j'en mange deux de suite car il me trouvait trop maigre ! Comme il me sentait réticent, il en avait même parlé à mes parents : il faut le faire manger, ce petit. »... Et si, avec la crise, la minceur redevenait inquiétante ?
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