Dans la guerre de l'espace, Astrium à nouveau battu

Un vrai match de boxe française ! C'est à quoi se sont livrés Thales Alenia Space (TAS) et EADS Astrium pour emporter la compétition lancée par l'Agence spatiale européenne (ESA) et portant sur la fourniture du programme Météosat Troisième Génération (MTG). Les six satellites destinés à Eumetsat, l'organisme européen de métérologie spatiale, seront en principe fabriqués par la filiale spatiale de Thales et de l'italien Finmeccanica en tant que maître d'oeuvre (quatre satellites imageurs), et l'entreprise technologique allemande OHB (deux satellites sondeurs). Soit un contrat estimé à 1,5 milliard d'euros.L'ESA et TAS, qui a déjà construit les deux générations précédentes de satellites de météorologie, vont donc entrer en négociations exclusives " dès la semaine prochaine " en vue de finaliser le contrat en " juin ", selon le PDG de TAS Reynald Seznec.Du travail pour 2.500 personnes Les satellites doivent être livrés, selon le calendrier établi par l'ESA et les deux partenaires, au rythme de " un par an à partir de 2016 ". Le programme MTG devrait faire travailler en Europe environ 2.500 personnes, dont 500 en France (300 à Cannes et 200 à Toulouse), assure Reynald Seznec, qui emploie 7.200 personnes.Le patron de TAS a confirmé qu'il " y avait une différence de prix significative entre les deux offres en présence ". Sous-entendu, les deux partenaires ont fait une proposition attractive à l'ESA et Eumetsat. DoutesFavori depuis de longues semaines, Thales Alenia Space avait pourtant douté ces derniers jours de l'issue de la compétition, Astrium tentant le tout pour le tour pour revenir in extremis dans la course. Reynald Seznec déclarait encore la semaine dernière dans la lettre spécialisée AeroDefenseNews : " ce que l'on croit comprendre, c'est que le comité d'évaluation des offres de l'ESA nous est unanimement favorable techniquement et financièrement, dans des proportions assez importantes. Ce qui est délicat, c'est qu'il n'y ait pas encore eu d'annonce officielle comme nous pouvions nous y attendre... Il y a un risque dans cette affaire, c'est de décrédibiliser le jugement des agences spatiales. Si les gouvernements, ou d'autres, interfèrent dans ce jugement, alors nous ne sommes plus dans un domaine concurrentiel et il ne faut plus faire d'appels d'offres ".Pression syndicaleLes manoeuvres d'Astrium, notamment en Allemagne, ont échoué. Les syndicats d'Astrium sont même montés au créneau. Le ministère des Transports, en charge de la météorogie, était hostile à l'offre de TAS et d'OHB contrairement à celui des Finances, en charge de l'espace. En France, la CGC, FO et la CFTC avaient envoyé un courrier au Premier ministre pour exprimer leur " très grande inquiétude ", sachant que ce contrat va être attribué au rival TAS. " Ce projet est absolument vital pour le maintien de l'emploi mais également pour le savoir-faire que notre société met continuellement au service des intérêts français ", avaient-ils écrit à François Fillon. Soutien quasi officielIl y dénonçaient aussi le soutien " quasi officiel " du gouvernement français à TAS et " en particulier son établissement de Cannes ", qui connaît " des difficultés de charge ". La filiale d'EADS, qui avait été associée à TAS lors des deux premières générations, cherchait notamment à récupérer de la charge de travail sur le contrat.Toutes ces manoeuvres ont obligé l'ESA, très précautionneuse sur ce dossier, à demander à une commission indépendante de vérifier si toutes les règles juridiques et techniques dans l'attribution de l'appel d'offres avaient bien été suivies. Eumetsat a d'ailleurs été étroitement associé à la procédure en ayant deux membres au sein de la commission d'attribution de l'ESA.Pour autant, Astrium ne devrait pas tout perdre, à l'image de son échec dans le programme Galileo où la filiale spatiale d'EADS va récupérer de la charge de travail. Pour MTG, TAS et OHB vont remettre en compétition de l'ordre de 60 % de la valeur du contrat. A Astrium d'être compétitif.
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