Salaires : les poussées de fièvre sociale se multiplient

Le coup d'envoi a été donné par les salariés de Danone qui, après deux jours de grève, ont obtenu le 10 mars une augmentation de 2%. Ce conflit à peine éteint, des débrayages se sont succédé dans plusieurs grands groupes industriels. Tour à tour, au cours de la dernière semaine, Valeo SCM, Thales ou Safran ont connu des arrêts de travail autour des revendications salariales. Le phénomène est récurrent. Chaque année, au moment des négociations salariales obligatoires, un bras de fer oppose direction et représentants des salariés. Mais il prend, en 2010, une intensité toute particulière. "Cette mobilisation d'une ampleur jamais connue depuis la création du groupe Safran montre les refus des salariés d'une politique salariale inférieure à 2009 dans le même temps où le dividende versé aux actionnaires progresse de 53% et où la participation baisse de 47%", souligne Daniel Retat, délégué CFDT. Retour de la hausse des prixPlusieurs facteurs alimentent, en effet, la grogne salariale. Premier d'entre eux, le redémarrage de la hausse des prix qui rogne le pouvoir d'achat. Selon l'enquête sur l'activité et les conditions d'emploi de la main d'oeuvre au 4ème trimestre 2009, publiée, hier, par le ministère du Travail, le salaire mensuel de base a progressé de 1,9% en 2009. Mais le retour de l'inflation en fin d'année n'a permis qu'une hausse du pouvoir d'achat de 1,1%. Et le début d'année 2010 est beaucoup moins favorable ( "La Tribune" du 17 mars). Emploi versus salairesEn tenant, depuis la rentrée de septembre, un discours laissant penser que la sortie de crise économique était proche, l'exécutif a aussi alimenté les attentes. Attentes que Laurence Parisot, la présidente du Medef, a quelque peu douché au nom de toutes les entreprises, mardi lors de sa dernière conférence de presse mensuelle. "Les marges de manoeuvre sont tellement faibles que les progressions de salaires, dans beaucoup de secteurs, sont très faibles", a indiqué Laurence Parisot. " Ce n'est pas une situation qui nous réjouit, mais (...) il faut essayer de trouver le mieux possible l'équilibre acceptable entre (l')objectif emploi et le maintien des niveaux de vie et de pouvoir d'achat", a-t-elle ajouté. Il n'est pas sûr que l'argument soit suffisant. La forte abstention lors du premier tour des élections régionales est sans doute, en partie, l'expression d'un mécontentement social. L'intensité des conflits salariaux dans les prochaines semaines dira s'il s'agissait d'un feu de paille ou d'un malaise plus profond.
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